es pousses chétives, malingres, voire des ceps entièrement rabougris. Ce printemps, les viticulteurs bourguignons ont observé une forte extériorisation des symptômes de dépérissement liés au porte-greffe 161-49 C. Le phénomène n’est pas nouveau : il est observé depuis plus de dix ans maintenant. D’ailleurs, les techniciens déconseillent de planter ce porte-greffe depuis 2014.
Mais ces désordres n’avaient jamais pris autant d’ampleur. Laurent Anginot, conseiller en matériel végétal à l’ATVB (association technique viticole de Bourgogne) évoque une “rupture de comportement”. « Il y a quelques années, le phénomène concernait plutôt les jeunes vignes, âgées de moins de dix ans. Là il apparaît dans des vignes plus âgées ». Selon ce technicien, dans certaines situations ces dépérissement sont explicables : « Le 161-49 C est sensible à la compaction des sols, à l’humidité. Il peine lorsqu’il est planté dans des bas de coteau ». Mais dans d’autres où le 161-49 C est réputé se plaire, les causes restent aujourd’hui inconnues.
Laurent Anginot évoque une conséquence de la sécheresse et de la canicule de l’an passé. « On a démarré la campagne 2019 avec un déficit pluviométrique de 80 mm. Puis les mois d’août et de septembre ont été très secs : avec respectivement 40 et 60 % de déficit hydrique sur la côte viticole. Mais cela reste une hypothèse. »
En attendant, les viticulteurs sont démunis. Les ceps atteints ne s’en remettront pas. « L’expérience de viticulteurs concernés depuis plus de 10 ans par cette problématique montre que des apports massifs de fertilisants au sol (potasse, azote) et/ou en foliaire n’ont pas produits d’effets significatifs. De même, une taille courte ou un recépage ne sont pas efficaces », explique la chambre d’agriculture de Côte d’Or dans son bulletin technique Vitiflash du 9 juin.
« A terme les ceps touchés meurent. Cela se traduit déjà par des repiquages importants, voire par l’arrachage de parcelles entières », déplore Laurent Anginot. Selon lui, compte-tenu du changement climatique, il est indispensable de ne plus utiliser le 161-49 C et de recourir à des couples greffons/porte-greffe mieux adaptés au terroir et aux conditions pédoclimatiques.
Pour comprendre ce phénomène, plusieurs organismes bourguignons (ATVB, chambres d'agricultures de Bourgogne,Inrae, BIVB et d'autres partenaires) ont lancé le programme de recherche Aptitude. Ils cherchent un lien entre la nature des sols et l’intensité des dépérissements et des remèdes éventuels parmi les pratiques de fertilisation. Rendez-vous à l’automne pour les premiers résultats.