n avril 2020, les expéditions de l’AOC Cognac sont en baisse de 64 % par rapport au mois d'avril 2019 annonce le Bureau National Interprofessionnel du Cognac (BNIC). Témoignant de l’impact du coronavirus sur l’activité commerciale charentaise, la poursuite de cette « cette tendance baissière des expéditions est attendue au cours du deuxième trimestre 2020 » prévient l’interprofession. Mais « il faut faire attention, les expéditions de produits finis ne sont pas les commercialisations dans les marchés » prévient Patrice Pinet, le président du Syndicat des Maisons de Cognac (SMC). Pour le négociant, il n’est pas étonnant d’avoir un net ralentissement commercial en avril : des entreprises étaient à l’arrêt (notamment les quatre premiers opérateurs), le marché américain a surstocké fin 2019* (en prévention de possibles sanctions tarifaires) et la pandémie de covid-19 s’est répandue dans le monde entier (à commencer par l’Asie).
Depuis, « les activités industrielles ont repris fin avril. Il ne faut pas réagir trop vite aux chiffres d’un mois et il faudra voir en mai et juin » prévient Patrice Pinet, qui souligne que « toutes les maisons sont aujourd’hui sur les marchés pour adapter leurs commercialisations aux nouvelles tendances de consommation (à domicile, par e-commerce…) ». Alors que le Business Plan qui calibre l’expansion du vignoble charentais doit être réactualisé cette fin d’année, avec l’élection du nouveau président du BNIC, la filière charentaise appelle à la prudence, si ce n’est à la résilience.


« Malgré l'importance de la crise liée à la pandémie et cette baisse significative, la filière Cognac reste confiante, elle est confortée par des signes encourageants de consommation venant de la Chine et de l'Asie, par la résistance du marché américain notamment sur la qualité VS et par la solidité de son modèle économique. Elle mise sur un scénario de rebond, mais pour l'instant, il n'est pas possible de déterminer quand et dans quelles conditions il aura lieu » indique le BNIC. « Il va y avoir un impact de la crise [du coronavirus], il n’y a pas de raison qu’elle soit différente des autres crises : une dépression des ventes puis un rebond. Ce que l’on ne sait pas aujourd’hui, c’est la durée qu’elle aura » renchérit Patrice Pinet.
* : Sur l’année allant de mai 2019 à avril 2020, Cognac a expédié 199,1 millions de cols pour 3,3 milliards d’euros (-4 %). Si l’impact du coronavirus touche les marchés asiatiques et européens (- 18 % à 51,1 millions cols et 1 milliard €,- 12 % à 35,4 millions de cols et 429,9 millions €), il épargne encore le marché nord-américain qui a surperformé l’an passé (+10 %, à 99,8 millions cols pour 1,5 milliard €).