ans le Languedoc, comme la majorité des embouteilleurs à façon, la société Denis Legras Conditionnement et ses 16 salariés avaient mis sur pause leur activité dès l’instauration du confinement. « Mes masques, gants et visières sont arrivés en même temps que les cloches de Pâques et nous avons tous pu reprendre le travail mi-avril. Au poste d’emballage, le plus critique, j’ai fait suspendre des bâches pour isoler chaque salarié » témoigne Denis Legras.
A Bordeaux, les trois groupes d’embouteillage de Laurent Diaz, gérant de l’entreprise Louis Ballarin, ont retrouvé le chemin des propriétés le 1er avril. « Sentant le vent tourner, j’avais réussi à me procurer des masques dès février. En mars, il m’a ensuite fallu 15 jours pour recevoir les gants et séparations en plexiglass nécessaires à la sécurité de mes salariés et leur rédiger de nouveaux protocoles de travail. » Si Laurent Diaz a dû cesser de travailler deux semaines, il rapporte que beaucoup de ses confrères sont parvenus à ne s’arrêter que 3 ou 4 jours.


Laurent Diaz peaufine désormais son dossier de demande de chômage partiel. Longtemps, les embouteilleurs mobiles n’ont pas su si leurs salariés pourraient en bénéficier, « nos activités n’étant pas clairement listées dans les arrêtés prévoyant les fermetures d’entreprise. Heureusement je viens d’apprendre que le dossier d’un de mes collègues a été validé, le doute est levé. » Dans la région, face à ce flou juridique, certains embouteilleurs ont préféré poursuivre leur activité, en ralentissant la cadence, pour garantir un salaire à leurs employés sans mettre en danger leur santé.
Ce n’est pas le cas du prestataire Michael Paetzold. L’entreprise a baissé le rideau de ses agences plus d’un mois, ne rouvrant la dernière, en Méditerranée, que le 20 avril.
Face au retard accumulé, les embouteilleurs vont être occupés pendant plusieurs mois. Pour autant, les difficultés économiques que connaissent les vignerons leur font craindre une prochaine baisse d’activité. « Pour l’instant ils continuent d’honorer leurs commandes mais, faute de visibilité sur le futur, ils veillent aussi à ne pas faire trop de stock de bouteilles » atteste Denis Legras.
Laurent Diaz a déjà reçu deux demandes de reports de mises en bouteilles de leur vin, « de juin à août, le temps pour mes clients d’y voir plus clair sur leurs débouchés. Nous allons bien travailler jusqu’en septembre mais la suite est plus incertaine. » Malgré le contexte, il reste optimiste. « Je suis bien implanté dans la région et j’ai la chance de ne pas travailler avec le négoce, les annulations de mes clients ne porteront jamais sur de trop gros volumes. »