Bruxelles, le Comité européen des entreprises vins (CEEV) a demandé la mise en place d’un « paquet vin » comportant à la fois des mesures d’urgence pour atténuer l’impact de la crise et des aides pour relancer la commercialisation. « Avec le circuit CHR fermé quasiment partout, nous estimons que 30% des volumes et 50% des valeurs du marché du vin au sein de l’UE sont bloqués », a insisté Jean-Marie Barillère, président du CEEV. « De plus, après quelques signaux laissant entendre que les consommateurs faisaient des réserves début mars, les ventes ont régressé également en grandes surfaces à la fin du mois, exacerbant l’évolution négative du marché du vin ». Par ailleurs, d’après le Comité, 100% des opérateurs affirment ne pas être en mesure de maintenir leurs ventes à l’exportation depuis le début de la crise en janvier. « Nous devons tous nous rendre à l’évidence que la crise à laquelle nous faisons face ne sera pas de courte durée. Il faudra du temps et des investissements pour récupérer les marchés du vin », a ajouté Jean-Marie Barillère. Ainsi, le Comité demande à ce que la Commission autorise le gel des fonds non utilisés dans le cadre des enveloppes nationales au titre de l’exercice 2019-2020 afin de les mettre à la disposition des Etats membres jusqu’en 2022-2023. Il souhaite également qu’une plus grande souplesse soit appliquée aux programmes de promotion, que la TVA soit abaissée de manière provisoire sur les produits vitivinicoles et qu’un cadre plus moderne soit adopté pour la vente à distance. De même, il estime que sont nécessaires des adaptations juridiques afin de redynamiser la catégorie des produits vitivinicoles aromatisés ainsi que la création de catégories de vins sans alcool et faiblement alcoolisés. Enfin, le Comité appelle aussi au « règlement rapide du litige commercial avec les Etats-Unis et à des efforts supplémentaires visant l’accès aux marchés ailleurs ».
Quant à des mesures de gestion de crise comme la distillation, le CEEV estime que l’UE « ne devrait pouvoir effectuer des paiements volontaires exceptionnels pour la distillation de crise que si cela s'avère nécessaire pour remédier aux déséquilibres restants ». La distillation est une demande récurrente parmi les pays et régions producteurs. Dans la communauté autonome de Castilla la Mancha, l’association des entrepreneurs du secteur (APEIV) estime que l’Espagne a besoin de quelque 4,7 millions de litres d’alcool par semaine pour répondre à la demande de gels hydroalcooliques, sachant qu’il ne s’agit pas d’un besoin passager et que « de nombreux gels hydroalcooliques contiennent des dérivés du pétrole ». Quatre distilleries dans la province de Ciudad Real viennent d’être autorisées à distiller l’alcool à usage sanitaire. Toujours à Castilla la Mancha, l’ASAJA demande l’activation d’une distillation de crise en raison de « l’effondrement des prix et la paralysie des opérations commerciales ». Sur la base des données de l’OEMV, l’Association affirme que le vin se vendait à un bon rythme en janvier 2019 au prix de de 0,76 €/litre alors qu’actuellement il se vend à perte, à moins de 0,50 €/litre. « Si la distillation de crise n’est pas activée, les bodegas et les coopératives n’auront pas la capacité suffisante pour stocker la production de la prochaine campagne ». Enfin, en Italie, toutes les principales organisations sectorielles ont réitéré des demandes de mesures urgentes auprès du ministère de l’Agriculture en fin de semaine dernière. Là aussi, des autorisations sont demandées pour que les producteurs puissent « utiliser le vin de table en stock pour la distillation en alcool à usage médical », en plus d’une mesure de distillation qui « doit rester volontaire et non obligatoire » et doit être financée « de préférence dans le cadre d’un nouveau budget d’urgence pour le secteur au niveau européen… en évitant les distorsions pour le secteur de l’alcool de bouche ». Enfin, la filière demande aussi que les rendements maximaux lors de la prochaine récolte soient modifiés pour les vins sans IG et que la vendange en vert puisse être effectuée en juillet et non en juin, faute de main d’œuvre.