Nous devons aller encore plus loin dans l’agro-écologie. En accueillant des moutons dans nos vignes et en semant des engrais verts, nous améliorerons le taux de matière organique de nos sols, nous réduirons les passages d’outils mécaniques et notre bilan carbone ». François Chidaine, vice-président de l’ODG de Montlouis-sur-Loire travaille sur un vaste projet collectif d’écopâturage ovin. « Plus de 20 vignerons sont prêts à s’y engager, des bios et des conventionnels. Mais notre projet s’adresse aussi aux agriculteurs et aux collectivités locales. Des céréaliers et un maraîcher sont partants. Au total plus de 300 hectares de vignes, cultures, jachères et espaces naturels, notamment en bords de Loire, pourraient être entretenus par des moutons », indique François Chidaine.
Dans les vignes, les moutons et brebis seront présents de novembre à mars, pour entretenir les couverts d’engrais verts, brouter les adventices, et ainsi retarder le premier passage de tracteur pour le travail du sol. Les animaux seraient retirés des vignes avant le débourrement. « Nous envisageons de choisir des moutons de race solognote. Le troupeau devrait compter 350 bêtes. Notre objectif est d’assurer une viabilité économique pour l’éleveur », explique François Chidaine. Un candidat est d’ailleurs sur les rangs. Les vignerons et agriculteurs mettront leurs parcelles gratuitement à disposition de l’éleveur, qui tirera un revenu de la vente d’agneaux.


« Des subventions seront cependant nécessaires. Notre projet n’est pas éligible à une aide PAC. Nous allons solliciter les collectivités locales et le Conseil régional », poursuit le vice-président de l’ODG Montlouis.En attendant l’arrivée des moutons, prévue à l’automne prochain, les vignerons de Montlouis vont pouvoir s’appuyer sur les premiers retours d’expérience de Laura David. Depuis fin février, la vigneronne montlouisienne accueille dans ses vignes 45 moutons d’Ouessant, qu’elle « partage » avec le domaine voisin de Montoray. « Les moutons ont fait une jolie tonte, sourit la jeune femme en conversion bio. Mon objectif est d’entretenir les sols de façon naturelle et de supprimer deux passages de travail du sol, après les vendanges et au début du printemps. Nous avons recours à un berger prestataire. Cette démarche ne sera pas moins chère que le travail mécanique, mais nous aurons une biodiversité plus grande, un effet d’amendement, et moins de tassement et d’asphyxie des sols ».
Depuis quelques jours, les moutons commencent à s’intéresser aux bourgeons des vignes… Ils vont bientôt être retirés des parcelles, avant d’y revenir l’hiver prochain.