obe brune et crinière blonde, Sésame, hongre de treize ans, travaille en priorité le sol des parcelles les plus prestigieuses du domaine haut-rhinois depuis 2012. Au repos, il pâture librement les 35 ares de vergers contigus à la propriété des voisins. Ils y habitent depuis les années 80 une maison avec gîte. En juillet 2014, ils adressent un premier courrier au domaine pour demander que le cheval s’en aille tout en menaçant de porter l’affaire en justice. Ce qu’ils font finalement au motif que Sésame est à l’origine de nuisances olfactives qui impactent la fréquentation de leur hébergement. Entre manque à gagner, frais de justice et d’huissier passés à constater la présence de cinquante crottins sur le terrain, ils évaluent leur préjudice à plusieurs milliers d’euros. Le tribunal d’instance de Guebwiller vient de les débouter de leur demande.
« Le jugement confirme que nous faisons tout dans les normes » signale Marie Zusslin, gérante avec son frère Jean-Paul du domaine de 17,5 ha certifié en biodynamie depuis 1997. « Nous prenons depuis des années des initiatives pour développer la biodiversité. Un apiculteur a installé 40 de ses ruches dans nos vignes et des moutons les pâturent en hiver. Nous implantons des haies, des nichoirs. Notre volonté est de nous appuyer sur les autres activités de l’agriculture locale pour créer des synergies » plaide la viticultrice.
Les plaignants ont fait appel. La Cour d’appel de Colmar doit statuer le 18 novembre. Depuis le premier jugement, une pétition en ligne défendant Sésame a recueilli près de 16 000 signatures en six jours (pour la signer : c'est par ici). « Des soutiens viennent de partout, même de l’étranger » relève Marie Zusslin. « Nous pratiquons notre métier en toute confiance. Nous attendons la future décision de la justice dans la sérénité ».