e l’altercation verbale à la menace au bout d’un fusil, les relations entre vignerons et voisins ne sont pas spécialement au beau fixe dès lors qu’il est question de traitements phytosanitaires. Face à cette agressivité croissante, les conflits ne sont pas inéluctables. Du moins tant qu’il est possible de s’ouvrir au dialogue estime Delphine Guey, la directrice de la communication de l'Union des industries de la protection des plantes (UIPP), ce 5 novembre lors d’un atelier du salon Dionysud (Béziers).
« Ce n’est pas simple quand on est choqué par des insultes et crachats. Mais il ne faut pas aller à la facilité de se dire "quel imbécile ce bobo parisien". Il faut se mettre à sa place, pour se dire qu’il n’a en tête que des images comme celles de Cash Investigation qui montrent l’agriculteur comme un pollueur pour produire et gagner de l’argent » explique l’experte en communication de crise. Elle demande aux vignerons de comprendre la légitimité des craintes « face à la pression médiatique », afin de répondre avec la réalité de leur quotidien et du terrain.


Invitant à ne pas voir les questions des riverains comme des attaques personnelles mais des interrogations légitimes, Delphine Guey préconise d’incarner le métier pour répondre en transparence à toutes les demandes. « C’est la méconnaissance qui provoque les craintes et peut amener à une crise » martèle la communicante. Elle estime d’emblée que le premier argument à apporter est réglementaire. « Les phytos ne sont pas des produits anodins. Les matières actives passent une batterie tests, y compris pour la gestion du risque riverain » souligne l’experte. Celle-ci rappelle qu’une entreprise phyto débourse en moyenne 250 millions euros d’études pour l’agrément d’une matière active.
L’autre point majeur est le rappel aux riverains de « l’utilité des traitements ». Le vigneron doit pouvoir expliquer chaque décision de pulvérisation, sans oublier de s’adapter au rythme de vie de son voisinage. Ayant comme maître mot l’affichage d’un « engagement permanent dans l’amélioration », Delphine Guey souhaite « attaquer le marketing de la peur, véhiculé par des médias grand public et certaines associations. Ça fonctionne en recréant un lien direct avec le consommateur. » Cette proximité est plus facile à tisser avant les tensions, par exemple en invitant ses voisins à des portes ouvertes, en les alertant pas SMS des traitements, en créant une charte collective… Bref, en adoptant communication positive pour ne plus être sur la défensive. Plus facile à dire dans une salle de conférence que face à une altercation sur le terrain ?