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Cognac comme dans le reste de la filière des vins et spiritueux, on apprend à gérer la crise sanitaire de coronavirus à mesure que l’épidémie s’installe. Après les messages d’annulation de salons et d’évènements à la chaîne, une nouvelle annonce symptomatique devient monnaie courante dans les Charentes : la fermeture les uns après les autres des principaux sites de production des négoce (élevage, assemblage, conditionnement…), notamment parmi les quatre principaux opérateurs charentais (Hennessy, Martell, Courvoisier et Rémy Martin).
Exemple de ce message avec la maison Martell (groupe Pernod-Ricard, qui applique les mêmes mesures à ses activités champenoises, Mumm et Perrier-Jouët), dont la direction annonce que sa « priorité est d’assurer la protection de ses salariés et la mise en place des actions du gouvernement. C’est la raison pour laquelle nous confirmons la fermeture des sites de production (Lignières et Gallienne), du circuit visites et de la boutique. Les équipes du vignoble restent opérationnelles, dans le respect des distances sociales requises. » Les travaux de taille et de tirage des bois s’achevant, les ouvriers charentais se préparent en effet aux premiers travaux viticoles du nouveau millésime, en appliquant les principes de sécurité face au covid-19 (gestes barrières, distanciation sociale, limitation des déplacements...).
Les mises à l’arrêt de sites industriels s’enchaînent donc auprès des principaux négoces charentais. A commencer par son premier opérateur, Hennessy (groupe LVMH). Ne parlant pas de fermeture mais de « mise en veille » de ses activités sur les sites du Pont-Neuf, de la Vigerie et de Haut Bagnolet, le leader des cognacs « assure les fonctions essentielles pour une mise en sommeil de telle manière que l’on puisse repartir dès que ce sera possible » explique Cécile François, la directrice de la communication d’entreprise de la maison Hennessy, qui « s’attend à ce que le confinement de 15 jours soit renouvelé, [en se basant sur] une comparaison avec d’autres pays ».
Autre opérateur majeur, Rémy Martin (groupe Rémy Cointreau) annonce également la mise à l’arrêt ce 18 mars « après mise en sécurité, pour une durée de 15 jours renouvelables » de son unité de conditionnement de Merpins et des centres d’élaboration des produits de Merpins et Cognac. Ayant maintenu le plus longtemps leurs opérations de production, les cognacs Courvoisier (groupe Beam Suntory) ferment son site de la Belloire la semaine du lundi 23 au vendredi 27 mars. « Nous n'avons pas de problème de commandes et d'activité, au contraire, mais aujourd'hui notre personnel est très sensible à la situation malgré toutes les mesures pour le protéger. Nous avons convenu avec le Comité Social et Economique de suspendre l'activité une semaine et de se revoir hebdomadairement » explique Patrice Pinet, le directeur général de Courvoisier.
Pour ce qui est des activités de production industrielle, « l’heure est à la mobilisation générale contre la propagation du virus et les maisons s’organisent en conséquence » résume le Bureau National Interprofessionnel de Cognac ce 19 mars. « En respect des nouvelles mesures de confinement et pour protéger leurs salariés et fournisseurs la plupart des maisons ont décidé - à cette date - de réduire leurs missions aux activités essentielles (plan de continuité d’activité) dont la production fait partie. Elles organisent notamment des rotations sur des équipes réduites » précise l’interprofession charentaise, qui ajoute que le recours à l'activité partielle ou réduite se généralise parmi les maisons de Cognac.
Si l’enjeu pours maisons de Cognac est de pouvoir rapidement relancer leurs outils industriels après la période de confinement, les négociants rassurent également le vignoble en cette période d’incertitudes. Les livreurs reçoivent ainsi des messages rassurants des négociants sur le maintien de leurs achats. « Toutes les maisons restent sur leurs positions d'achat. Nous confirmons qu'il n'y a pas de modifications » souligne Patrice Pinet, également président du Syndicat des Maisons de Cognac (SMC)« Nous avons confirmé à nos viticulteurs partenaires que les achats se feront comme contractualisés » renchérit Cécile François, qui fait état d’un plan d’identification des structures les plus fragiles pour leur proposer un accompagnement individualisé.
Quant à la prévision de l’impact commercial du coronavirus sur les exportations de l’année, il est encore bien trop tôt pour que les maisons s’avancent. Dans le vignoble, la question en suspens reste les modalités de reprise des marchés export après la crise. Enjeu qui aura de possibles impacts sur les prix annoncés pour la vendange 2020.
