Selon les intervenants présents, la multiplication des labels environnementaux sur les vins ces dernières années ne semble pas, jusqu'à présent, créer d'ombre au logo « AB »: « La réputation du logo AB n'est plus à faire », a déclaré Frédéric Andlauer, consultant spécialisé en vins auprès de distributeurs français chez AWS. « Il jouit d'une certaine confiance, il est reconnu, apprécié et complètement identifié », a confirmé Brice Abbiate, responsable du développement amont chez Gérard Bertrand.
Mais les autres labels parviennent petit à petit à se faire une place, plus particulièrement la démarche « HVE ». Aidée par le ministère de l'agriculture et les distributeurs qui se l'approprient pour leur MDD, elle devrait, selon le consultant, gagner en notoriété et « prendre de plus en plus de place » dans les années à venir. Pour Brice Abbiate, la HVE est « intéressante », mais « risque de ne pas être comprise du consommateur, donc de ne pas permettre une valorisation supérieure des vins » : « Cela va être difficile de leur expliquer ce qui se passe sur une exploitation », a t-il expliqué. Pour Xavier Gomart, directeur de la cave de Tain, c'est même le doute qui prédomine : « Je suis dubitatif sur les progrès que cela va amener ; c'est une démarche un peu étroite et pas adaptée à des exploitations en polyculture », estime t-il.
Les professionnels ont aussi tenu à rappeler la difficulté d'opposer des labels dans la mesure où ils ne couvraient et ne garantissaient pas du tout les mêmes choses. « VDD est la plus large, allant de l'amont à la commercialisation, a rappelé Xavier Gomart ; un vin sous développement durable amène des garanties plus larges car couvre la totalité des produits et des activités de la cave au niveau environnemental et sociétal. C'est une sorte de chapeau sous lequel tous les adhérents peuvent ensuite s'exprimer, en se certifiant en bio par exemple, maintenant ainsi une cohésion du groupe ». Celui-ci a également reconnu les avancées permises par le développement du bio, dont les techniques ont été largement transférées et adoptées par tous. « Elle a été un grand vecteur de progrès... Ma vision est que les choses se complètent et ne sont pas incompatibles ».
Tous sont tombés d'accords sur le fait que le cahier des charges AB devait néanmoins évoluer dans un avenir proche : « Il n'est pas en danger...Il est le logo de référence mais il est perfectible : il a des cases vides qui doivent être complétées, au risque sinon que le consommateur ne découvre des choses qui ne lui plaise pas... », a prévenu Frédéric Andlauer. « ll y a un enjeu pour demain de s'adapter pour aller plus loin », a ajouté à ce sujet Brice Abbiate. Et de citer comme exemples de progrès possibles : la consommation des énergies et le bilan carbone, la gestion de l'eau, la traçabilité des opérations, le cuivre dans les sols, la biodiversité, ou encore la gestion des intrants lors des vinifications.