as d’annonces choc, pas d’engagements. A l’occasion de son déplacement dans le Gard, Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture, s’est rendu vers 16 h le 5 juillet dans l’exploitation de Denis Rouger, vigneron et président de l’AOC Muscat de Lunel (Hérault). Sur les 30 hectares de son exploitation, une dizaine ont été grillés à des degrés divers allant de 30 % à 100 %, selon ses propres estimations. « Des carignans, des syrahs et des grenaches ont été touchés » constate celui qui ne s’explique pas ce phénomène jamais vu. Et, d’écarter la polémique autour de l’application du soufre. « Il y avait de l’oïdium, un bon vigneron devait protéger sa vigne ! » commente-t-il, tout en rappelant que le chardonnay avait également reçu un poudrage, et que, pourtant, il ne présente pas de dégâts.
Un message qu’il a transmis au ministre Didier Guillaume, lors d’une visite rapide dans ses vignes sous une chaleur intense. Il lui a expliqué également comment les vignerons été touchés à des degrés divers, notamment lié à un effet terroir. « Que faut-il faire ? Ecimer ? » s’est également demandé le vigneron qui pour l’instant attend de voir comment la situation évolue. Car, personne n’est en mesure d’expliquer le phénomène, pas plus que de conseiller sur la conduite technique à tenir. D’ailleurs, l’Etat l’Agriculture a confié à Montpellier SupAgro, l’Inra et l’IFV, la réalisation d’une étude poly-disciplinaire pour comprendre ce qui s’est passé et tirer des enseignements sur les pratiques culturales. « Nous allons étudier tous les critères agronomiques et tenter de faire la lumière ! » a simplement expliqué Hervé Hannin, directeur de Montpellier Sup-Agro.
Jérôme Despey, président de la Chambre d’Agriculture de l’Hérault et président du Comité vin FranceAgriMer, accompagnait le ministre dans sa visite. Il en a profité pour revenir sur deux dossiers. Le premier est celui de l’assurance pour les risques climatiques. Le ministre a en effet rappelé qu’il lançait une concertation qu’il souhaitait voir aboutir dans 6 mois. Favorable à rendre obligatoire l’assurance climatique, Jérôme Despey a appelé à revoir le principe de la moyenne olympique. « Cela ne marche pas. Nous enchaînons les années avec des dégâts. Les références de rendements sont donc basses pour pouvoir avoir accès à l’assurance » a déploré l’élu. Ce dernier réclame également que les réassurances soient inscrites au budget de la future PAC. Une demande qu’il a porté en présence de la député européenne LREM, Irène Tolleret venue également apporter son soutien aux vignerons sinistrés.
Autre message porté au ministre : l’accès à l’eau. « Nous devons travailler sur la gestion de l’eau, sur comment stocker cette eau et l’apporter là où les agriculteurs n’y ont pas accès ! » a martelé Jérôme Despey. Ce à quoi le ministre de l’Agriculture a répondu que les Assises de l’eau, tenues la semaine dernière, ont permis de faire avancer la question de la création des retenues collinaires. « Désormais, les collectivités territoriales pourront construire des retenues colinaires dans le cadre de projets de territoires ».
Evaluation des dégâts
Un bilan intermédiaire, issu du recensement mené par la Chambre d’Agriculture de l’Hérault (soit 691 personnes recensées), indique que 7864 hectares de culture sont concernés par l’épisode caniculaire du 28 juin. 90 % de la surface est en vignes. 200 communes sont concernées.
Mesures demandées par les professionnels
- Exonération de la TNFB
- Prise en charge des cotisations et aide sanitaire et sociale
- Année blanche pour les prêts bancaires, prêts MT à taux bonifié, consolidation de taux pour les pluri-sinistrés
- Dispositif de réserve de précaution
- Autorisation d’achat de vendanges
- Soutien de solidarité des collectivités
- Mesures spécifiques pour les jeunes installés pluri-sinistrés
- Soutien au développement de l’irrigation
- Evolution du dispositif assurantiel