n matière de réduction des produits phytosanitaires, « nous sommes sur la même ligne et partageons les mêmes enjeux » résume Jean-Marie Barillère, le président du Conseil Comité National des Interprofessions des Vins (CNIV), à l’issue de la réunion de suivi, ce 23 mai, avec le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume. Réunissant les interprofessions françaises pour faire le point sur le déploiement des plans de filière, rendus il y a plus d’un an, le ministère a voulu s’assurer que la dynamique de sa loi Alimentation perdure. Notamment en ce qui concerne la réduction des pesticides, afin de répondre aux consommations alimentaires à venir. Ce défi est bien partagé par l’agriculture français, mais moins pour des raisons politiques qu’une réalité économique. « La pression est très claire aujourd’hui, et sera plus forte demain. Les marchés nous demandent d’être moins dépendants des phytos et les clients veulent des vins produits différemment, selon des critères de respect de l’environnement et du climat » témoigne Jean-Marie Barillère. Qui souligne l’élan donné par cette nécessité de transition environnementale : « quand on n’a pas le choix, les choses avancent très vite ».
N’étant pas rentré dans le détail du déploiement de chaque plan de filière*, cette réunion d’étape a permis à Jean-Marie Barillère de souligner les efforts du vignoble : « tout va très vite dans nombre de régions. Des aides permettent l’accélération du mouvement (via les fonds européens FEADER), il faut maintenant veiller à ce que chaque vigneron français soit sur le même pie d’égalité. » La demande a été faite au ministre, qui doit désormais démontrer qu’il peut aider à accélérer le mouvement.
* : Ni dans les éléments actés par la loi EGAlim, comme les chartes de voisinage qui doivent être en place dès 2020.
« Nous souhaitons favoriser un environnement de travail préservant davantage la santé et la sécurité des travailleurs, salariés ou employeurs à la vigne et dans les caves. Nous voulons limiter l’exposition aux produits phytosanitaires avec comme engagement principal de ne plus utiliser d’ici à 5 ans des produits nécessitant le port d’équipement de protection individuelle aprèsles délais de réentrée (EPI).
Nous demandons que les Autorités Françaises ne renouvellent pas les Autorisations de Mise sur le Marché de ces produits
[…]
Nous visons à terme la sortie des produits phytosanitaires, sous réserve de trouver des voies alternatives fiables nous garantissant le maintien d’une production de qualité équivalente au niveau actuel.
La route que nous traçons pour les 5 ans à venir est la suivante :
- Dans chaque région vinicole, promouvoir, faciliter la certification des entreprises vitivinicoles, qu’elle soit HVE, Bio ou autres, avec un objectif de 50 % des exploitations certifiées HVE à 2025.
- D’ici à 3 ans, dans tous les vignobles, ne plus utiliser d’herbicides chimiques sur au moins 50% de la surface (hors vignobles en forte pente). A terme, un objectif de sortie des herbicides.
- De n’utiliser que des matériels de pulvérisation limitant la quantité de produits et les phénomènes de dérive (avoir renouvelé dans les 5 ans 66 % du matériel peu performant).
- De privilégier l’usage de produits phytosanitaires alternatifs.
- De modifier nos cahiers des charges d’indications géographiques afin de permettre un mode de conduite différent, économe en produits phytosanitaires, et, sur une partie de la surface des exploitations un encépagement avec de nouvelles obtentions résistantes aux principales maladies que sont le mildiou ou l’oïdium.
Les principales conditions de succès de tels engagements sont :
- Une aide à l’investissement au changement du parc de pulvérisateurs (coûts à quantifier).
- Une aide au changement de pratiques culturales par une subvention d’exploitation les 5 premières années.
- De rendre possible les modifications de cahier des charges.
- Un effort accru dans notre politique d’obtention de nouveaux cépages résistants aux maladies (coûts de ces programmes à quantifier). »