ancé par l'interprofession Sudvinbio à partir du millésime 2018, le logo CAB (Conversion à l'Agriculture Biologique) va commencer à apparaître dans les linéaires dans les prochaines semaines. Mais d’ores et déjà, Sudvinbio se réjouit des volumes qui seront dès cette année labellisés CAB. « Nous estimons que d’ici la fin du printemps, les demandes des professionnels pour utiliser ce logo concerneront environ 50 000 hectolitres en Occitanie. C’est environ un quart des volumes de vins en deuxième et troisième année de conversion produits cette année. Pour une première année, c’est plutôt encourageant, d’autant que la procédure s’est mise en place tardivement, à partir du mois d’octobre » indique Valérie Pladeau, chargée de mission en démarchés qualité à Sudvinbio.
Créé et géré par Sudvinbio, le logo CAB a été porté par toute la filière bio régionale, producteurs et metteurs en marché, pour faire à la demande croissante du marché des vins bio alors que la production régionale vient de subir deux années de petite récolte. Les metteurs en marché se sont engagés à acheter les vins en C2 et C3 à 90 % du prix des vins bio, afin d’apporter un soutien financier aux vignerons d’Occitanie pendant la période de conversion. Ces volumes supplémentaires doivent aussi permettre d’alimenter le marché des vins bio, avec cette alternative des vins en conversion. Tous les vins CAB font l’objet d’une analyse de résidus de pesticides dont le résultat doit être conforme au bio.
Engagé en bio depuis les années 1990, Louis Fabre apprécie de pouvoir apposer ce logo sur environ 250 hl de vins issus de vigne qu’il a repris et qui sont en conversion. « J’en ai parlé avec mes clients cavistes. Ils sont satisfaits car malgré la baisse de ma production en bio cette année, je pourrai leur fournir le même volume grâce aux vins en conversion. Nos circuits de vente sont de plus en plus spécialisés. Nous avons une très forte image en bio et il nous est difficile de vendre des vins conventionnels » explique-t-il.
Côté metteur en marché, Laurent Sauvage, directeur de Fortant de France, est plus nuancé. « On s’intéresse au logo CAB, mais pour le moment, nous n’avons pas constaté de demande énorme de la grande distribution française pour ce type de produit. Il va falloir communiquer pour faire connaître ce nouveau logo » estime-t-il. Jacques Frelin, patron de Jacques Frelin Vignobles, maison de négoce spécialisée dans les vins bios, livrera début mai ses premières bouteilles estampillées CAB. « J’ai signé des marchés avec Biocoop. C’est une enseigne très engagée dans le bio qui veut encourager les conversions. C’est un risque pour eux comme pour nous, car on ne sait pas du tout les volumes qu’on va pouvoir commercialiser. On défriche ! ». Dans la GD en revanche, lui aussi constate une certaine frilosité des acheteurs. « Nous en avons parlé mais n’avons pas encore eu de vrais retours positifs. Il faudra sans doute du temps pour faire connaître cette démarche ».