llant des broussailles aux lianes, les réservoirs de flavescence dorée, en dehors des parcelles cultivées, sont variés : repousses de porte-greffe ensauvagés, vignobles laissés à l’abandon, vignes d’agrément chez des particuliers… « N’étant pas traités, ce sont des foyers possibles pour le phytoplasme et la cicadelle. Ils constituent des réservoirs de vecteurs et de phytoplasmes avec un risque important de recontanimation vers les vignobles assainis ou en voie d’assainissement » alerte Sylvie Malembic, ingénieure de recherche à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA), lors des journées techniques vigne et vin bio, qui se sont tenues ce 21 février au lycée viticole de Montagne.
Pour mesurer l’impact réel de ces réservoirs potentiels, une cartographie fine et des analyses sanitaires ont été réalisées sur toutes les vignes présentes sur quatre communes viticoles du sud Gironde. Se trouvant en bord de Garonne, ces zones connaissent des attaques de flavescence dorée depuis dix ans. Et ce malgré le plan de lutte obligatoire sur les parcelles exploitées de ces communes*.


Représentant plus de 70 % en moyenne des vignes ensauvagées, les repousses de porte-greffe accueillent de 6 à 80 % de cicadelles dorées, et sont infectées par la maladie de quarantaine entre 5 et 18 %. « Avec très peu de symptômes visibles, alors que ces pieds ont de fortes concentrations en phytoplasme » note Sylvie Malembic, qui souligne une forte corrélation entre le risque de contamination des parcelles cultivées et la proximité d’un foyer ensauvagé. « C’est un frein à la baisse d’insecticides » pour les vignes cultivées tranche la chercheuse.
Ayant cartographié les ceps ensauvagés recensés, l’étude de l’INRA et des Groupes de Défense contre les Organismes Nuisibles de Barsac et de Sauternes (GDON) relève que les vignes ensauvagées se trouvent majoritairement sur des terrains de particuliers. Et souvent dans le voisinage direct des vignobles professionnels. Pour gérer ces réservoirs, le projet a fait le choix d’informer les habitants avec la création d’un livret d’information, diffusé à titre expérimental avec les journaux municipaux de Barsac et Rions. Sensibilisant les riverains, cet outil a permis de gérer certains cas (une enquête auprès de 250 habitants rapporte 9 cas d’actions sur des vignes ensauvagées, grâce à la lecture du livret).
« La gestion de la flavescence dorée n’est plus centrée exclusivement sur le vignoble et les viticulteurs. Il y a nécessité de prendre en compte de nouveaux terrains et de nouveaux acteurs » conclut Sylvie Malembic.
* : Soit les communes de Barsac, Béguey, Rions et Sainte-Croix-du-Mont.