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Le tonnelier Louis Barthas raconte le 11 novembre vu du front
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Sans eau dans son vin
Le tonnelier Louis Barthas raconte le 11 novembre vu du front

Témoignage poignant de la première guerre mondiale vécue par un vigneron languedocien, les carnets de guerre de Louis Barthas donnent une autre vision des commémorations de l'armistice et de ses monuments.
Par Alexandre Abellan Le 11 novembre 2018
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n 1918, « le grand drame touchait à sa fin ; seule contre vingt peuples se ruant contre elle en un hallali fantastique, l’Allemagne, si orgueilleuse en 1914, à genoux demandait grâce, demandait l’armistice » rapporte le caporal Louis Barthas dans ses carnets de guerre. « Mais cette façon de fuir la guerre ne faisait pas l’affaire de nos galonnards, qui n’avaient pas encore tout leur compte de croix, de médailles, d’étoiles, de fourragères, de galons, d’honneurs et de gloire. Qu’importait cent mille, deux cent mille cadavres de plus, quelques mois de souffrances inimaginables à supporter encore ! »

Tonnelier comme son père à Peyriac-Minervois (Aude), Louis Barthas est mobilisé dès la déclaration de guerre au 280ème d’infanterie de Narbonne. Caporal, il rejoint le front en novembre 1914, a survécu aux tranchées de Lorette, de Verdun et de la Somme, ainsi qu’à l’offensive du Chemin des Dames et aux mutineries de 1917, avant d’être éloigné, à 40 ans, des dernières offensives de 1918. Pacifiste avant le premier conflit mondial, il est encore plus antimilitariste à la fin d’un conflit, dont on ne pouvait alors voir le bout.

La délivrance de millions d’hommes

Il y a cent ans, « les grands chefs eux-mêmes ne croyaient pas à un dénouement si proche » rapporte Louis Barthas, se souvenant que le 9 novembre 1918, « le général commandant la région, d’Amade, […] assura que la victoire était certaine mais que la guerre n’était pas finie et que nous avions encore des lauriers à cueillir. » Vue par la troupe comme une menace plus qu’un soulagement, cette déclaration est démentie de manière inattendue par « un télégramme annonçant la délivrance de millions d’hommes, la fin de leurs tortures, leur retour prochain à la vie civilisée ».

« Que de fois on avait songé à ce jour béni que tant n’auront pas vu, que de fois on avait scruté, fouillé le mystérieux avenir, cette étoile de salut, ce phare toujours invisible dans la nuit noire » se souvient Louis Barthas, écrivant que « ce bonheur, cette joie nous écrasaient, ils ne pouvaient contenir dans notre cœur ». Bénéficiant d’une permission de 50 jours comme tonnelier avant sa démobilisation, le caporal est relevé de ses obligations militaires le 19 janvier 1919 : « libre après cinquante-quatre mois d’esclavage ! J’échappais enfin des griffes du militarisme à qui je vouais une haine farouche. »

Monuments de mensonges

« Cette haine je chercherai à l’inculquer à mes enfants, à mes amis, à mes proches. Je leur dirai que la Patrie, la Gloire, l’honneur militaire, les lauriers ne sont que de vains mots destinés à masquer ce que la guerre a d’effroyablement horrible, laid et cruel » affirme implacablement Louis Barthas, dans une profession de foi qui conclut ses dix-neuf cahiers. Soit 1 732 pages manuscrites pour rétablir la réalité de son vécu de poilu, face à une folie guerrière réécrite par la propagande pendant le conflit, et transformée en légende patriotique après l’armistice.

« La victoire a fait tout oublier tout absoudre » regrette le tonnelier en février 1919. Soupirant que « dans les villages on parle déjà d’élever des monuments de gloire, d’apothéose aux victimes de la grande tuerie ». Et précisant qu’il ne les soutiendrait « que si ces monuments symbolisaient une véhémente protestation contre la guerre, l’esprit de la guerre et non pour exalter, glorifier une telle mort afin d’inciter les générations futures à suivre l’exemple de ces martyrs malgré eux. Ah! si les morts de cette guerre pouvaient sortir de leur tombe, comme ils briseraient ces monuments d’hypocrite pitié. Car ceux qui les y élèvent les ont sacrifiés sans pitié. »

 

Annonçant la mobilisation générale, le roulement de tambour de l’appariteur est le coup de tonnerre ouvrant les Carnets de Louis Barthas, ici dessinées par Fredman.
 

Ah, les Carnets de Louis Barthas !

Découverts dans les archives familiales de la famille Barthas, par l’historien toulousain Rémy Cazals, ces carnets ont été publiés pour la première fois en 1978. Quarante ans après, plus de 100 000 exemplaires de vendus. Parmi lecteurs célèbres, le président, et bibliophile, François Miterrand qui s’exclamait : « ah, les Carnets de Louis Barthas ! Ce livre a une haute valeur historique, et aussi c'est une véritable œuvre littéraire. »

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