asile Tesseron, gérant du château Lafon-Rochet, ne fait pas dans la demi-mesure. En 2010, il avait converti sa propriété au bio sans jamais la faire certifier. En février dernier, il a tout stoppé net. Les raisons ? « Le cuivre n’est pas exempt de problèmes. Il laisse des résidus dans le sol qui ne s’en vont pas. Quant à la multiplication des passages, elle entraine une surconsommation de carburant. Et au bout du compte, il faut accepter des pertes de vendanges. »
Un viticulteur sous anonymat, avance une autre explication : « Avec le bio, les rendements et la rentabilité sont moindres. On peut comprendre qu’il jette l’éponge ».


Un revirement à 180 degrés qu’il explique par une prise de conscience. « J’avais associé les produits bios à l’écologie. C’est faux, car ils sont polluants ». Autant dire que son revirement a provoqué le buzz. « Sur Facebook, j’ai dû faire face à des réactions haineuses. Mais des œnologues de renoms, des courtiers et des négociants sont en accord avec nous. Nos clients -des négociants et des importateurs- aussi », confie-t-il.
Cette année, Basile Tesseron a traité les 41 ha de son grand cru classé de Saint-Estèphe avec des fongicides conventionnels. Reste qu’il prône une voie « naturelle, ou à défaut qui utilise des molécules chimiques de synthèse non toxiques et non polluantes ». Pour ce faire, il engage les viticulteurs à financer la recherche. « Il ne faut pas laisser ce champ aux multinationales des produits phyto. Mais je sais que c’est difficile ».
Du côté du syndicat des vins Bio de Nouvelle Aquitaine, la directrice Gwénaëlle Le Guillou, est formelle : « cette propriété n’a pas fait l’effort de se faire certifier bio. Donc elle n’a pas à se prononcer sur le sujet ».