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Le Brézème, ce petit poil à gratter du syndicat des Côtes-du-Rhône
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Vignoble rhodanien
Le Brézème, ce petit poil à gratter du syndicat des Côtes-du-Rhône

La segmentation « Côtes-du-Rhône Villages » a-t-elle sa place dans le nord de la vallée du Rhône? Les producteurs de Brézème, un petit vignoble situé dans la Drôme, font actuellement les frais de cette question.
Par Juliette Cassagnes Le 31 octobre 2018
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'est l'histoire d'un petit terroir qui situe au nord de la Vallée du Rhône, dans la Drôme, où 10 producteurs cultivent de la Syrah, du Viognier, de la Marsanne et de la Roussane, sur une trentaine d'hectares. Les vins sont commercialisés depuis de nombreuses années en AOC Côtes-du-Rhône mais sous une dénomination, le « Brézème », qui correspond à un lieu-dit.. Pour pouvoir continuer d'utiliser ce nom historique et se mettre en conformité avec la réglementation, les vignerons ont entamé des démarches auprès de l'Inao depuis 2011 pour obtenir une reconnaissance officielle de celle-ci.

Etant actuellement adhérent du Syndicat général des vignerons des Côtes-du-Rhône (SGVCDR), c'est donc ce dernier qui a porté la demande auprès de l'Inao, afin d'examiner son passage en CDR-villages avec la dite-mention.

Une fragilisation des Côtes-du-Rhône villages

Mais c'était sans compter le passage et les commentaires de la commission régionale Inao, qui leur a rendu visite en février 2018. Dans son compte-rendu de travail, celle-ci émet des recommandations et des alertes, qui remettent en question le bien-fondé de cette demande, la zone de production des CDR villages étant située bien plus au sud, avec une identité méridionale, loin des vins produits dans ce terroir. Elargir cette appellation au nord de la vallée nécessiterait également une modification du lien à l'origine, l'introduction de cépages différents, un agrandissement de l'aire, etc. En résumé, elle y voit un « risque de fragilisation de l'AOC Côtes-du-Rhône villages ».

La commission constate par ailleurs des divergences entre les attentes des vignerons locaux et la demande formulée par le SGVCDR, les premiers étant nettement plus motivés par l'idée d'obtenir directement leur propre appellation que par celle de se retrouver « noyés dans une vaste appellation régionale dont les vins sont différents et moins qualitatifs ». « Obtenir le passage en cru serait une validation de ce que nous produisons déjà, argumente Julien Montagnon, vice-président. « Avant d'aller plus loin dans ses réflexions », l'Inao conclut donc son document en demandant aux deux parties de s'entendre afin de clarifier la demande.

Un dossier délicat

Suite à ces recommandations, le syndicat du Brézème a donc invité Philippe Pellaton, le président du SGVCDR, à se rendre sur place pour visiter le vignoble, échanger et parvenir à un accord. Invitation pour l'instant restée sans réponse. Ce dernier déclare attendre la décision officielle de l'Inao pour pouvoir les rencontrer, arguant que ces recommandations ne sont qu'un simple compte-rendu de travail sans valeur de décision : « Je reste toujours dans l'attente d'une vraie position d'orientation de la commission d'enquête Inao, témoigne-t-il. Lorsque nous aurons ce compte-rendu, nous rencontrerons les vignerons locaux ». Si l'on considère que l'INAO attend que les deux syndicats se mettent d'accord pour émettre un avis définitif, on peut légitimement s'interroger sur l'issue prochaine de ce « dossier délicat »... « Nous ne sommes pas dans une impasse , nous attendons la vision définitive de l'Inao. Il n'y a pas de situation à débloquer », assure pourtant ce dernier.

De son côté, le « petit » syndicat du Brézème, excédé, souhaite faire bouger les choses: « Nous avons décidé de communiquer auprès de la presse car nous en avons marre de nous faire balader », témoigne Yves Mengin, son président. « Nous avons déposé ce dossier  d'examen en CDR Villages avec l'accord des vignerons locaux, via son président, rappelle de son côté Philippe Pellaton. La question d'examiner une demande de passage en cru n'était pas à l'ordre du jour », poursuit-il. Ce à quoi rétorque le représentant des producteurs de Brézème : « C'est de la mauvaise foi; le SGV ne nous a pas laissé le choix : si nous avons accepté cette proposition, c'est parce qu'on nous a expliqué que c'était la première marche à franchir pour ensuite accéder au statut de cru ! ».

Quoi qu'il en soit, régulariser la situation reste nécessaire et urgent, dans la mesure où ces vignerons produisent depuis de nombreuses années du Brézème sans existence légale, notamment aux yeux de la DGCCRF.

Illustration: carte localisation du vignoble de Brézème (source site valleedeladrome-tourisme.com):

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