'INAO vient de valider, à l'occasion du Comité national du mercredi 10 février 2016, le passage du Côtes-du-Rhône villages « Cairanne » en AOC « Cairanne ». Les vignerons de l'appellation avaient en effet entamé des démarches dans ce sens auprès de l'INAO depuis 2008, et obtiennent donc, après huit années de procédures, gain de cause. « Nous attendions cela depuis si longtemps, c'est la reconnaissance pour nous que notre produit est à la hauteur de la qualité d'un cru », déclare Denis Alary, président de l'ODG.
Ce changement d'appellation a d'abord nécessité une nouvelle délimitation des surfaces de l'aire de l'appellation, revue à la baisse de 19% : de 1350 hectares, celle-ci mesure désormais 1088 hectares. Les quelque 300 hectares restants resteront en appellation « Côtes du Rhône villages », mais sans mention du village.
Le cahier des charges de ce « nouveau cru » des Côtes-du-Rhône, voulu « plus restrictif » par rapport au précédent pour « gagner en qualité », a été adopté en 2015. Il introduit comme principal changement l'interdiction d'utilisation de la machine à vendanger. Une nouveauté qui est loin d'avoir fait l'unanimité dans le vignoble : un certain nombre de viticulteurs utilisateurs y étant opposés, de nombreuses réclamations avaient donc été portées dans le cadre de la procédure nationale d'opposition, lancée en février 2015. Finalement, la Commission d'enquête leur a accordé une dérogation de cinq ans, afin de leur laisser le temps de se mettre en conformité. « Nous souhaitions préserver des parcelles de très vieux Grenache plantés en gobelet, en évitant des arrachages massifs en cas d'autorisation de la machine, justifie Denis Alary. Cette décision avait par ailleurs été votée à une très grande majorité au sein de l'ODG, en 2008 et c'est aussi mieux pour l'image... ».
La seconde restriction porte sur le dosage des sulfites, fixé à 100 mg/L de SO2 total pour les vins rouges et à 150 mg/L de SO2 pour les vins blancs. Des doses autorisées dans le cahier des charges bio français. « C'est un axe de travail pour tous les vignerons, afin d'augmenter en qualité, afin de produire d'excellents vins blancs sans trop de sulfites », argumente le président de l'ODG.
Deux couleurs pourront être produites, en rouge et blanc, cette dernière représentant 5% de la production globale de Cairanne. Le vin rouge sera un assemblage de 50% minimum de Grenache, le cépage « roi » du secteur, soit 10% de plus que pour l'appellation « villages », de minimum 20% de Syrah ou Mourvèdre, et de 30% maximum de cépages secondaires (Carignan, Cinsault, Cournoise). Les Cairanne blancs résulteront d'un assemblage de Grenache blanc, Clairette, et Roussane. Les rendements ont également été rabaissés de 3 hl/ha, fixés à 38hl/ha pour les rouges et à 41hl/ha pour les blancs.
Le passage en AOC Cairanne est rétroactif à partir de la récolte 2015. Les premières bouteilles sous cette appellation seront donc commercialisées dans le courant de l'année 2016, avec une production globale qui devrait se situer entre 30000 et 40000 hl. Une journée dégustation presse sera organisée à Paris d'ici l'été 2016 afin de faire découvrir ces vins, « réputés contenir beaucoup de finesse », aux journalistes et critiques du vin.
Le décret qui officialisera définitivement la naissance de ce nouveau cru des Côtes du Rhône sera publié dans les prochaines semaines. Celui-ci s'ajoute donc à la (longue) liste des huit autres crus déjà existants de la partie méridionale de la vallée du Rhône : Vinsobres, Rasteau, Châteauneuf du Pape, Vacqueyras, Gigondas, Beaumes de Venise, Tavel et Lirac.