acheté en 1998 par la baronne Philippine de Rothschild, le domaine Baronarques à Limoux a fait l’objet d’une vaste rénovation. Réunis cet été pour célébrer les 20 ans du domaine, les enfants de la baronne ont annoncé leur intention de poursuivre le projet porté par leur mère : révéler le potentiel du terroir limouxin et « inscrire les vins du domaine dans la lignée des plus grands Languedoc ».
La reconstruction de ce domaine est née, dans les années 90, d’une collaboration avec la coopérative Sieur d’Arques, qui fournissait les Rothschild en vin pour leur gamme de vins de négoce en IGP pays d’OC. La baronne Philippine de Rothschild a ensuite investi dans un vignoble sur place avec l’ambition de produire un très grand vin comme elle l’a fait en Californie avec Opus One en partenariat avec Mondavi et au Chili avec Almaviva en duo avec Concha y Toro.
Au moment de l’acquisition, le domaine qui comptait alors 30 ha de vigne, était en mauvais état et a été quasiment entièrement arraché. Il a été replanté en mariant cépages bordelais et méditerranéens : merlot, cabernet franc, cabernet sauvignon, syrah, grenache et cot. « Le grenache n’a pas donné les résultats attendus. Dans ce terroir très frais, il peinait à mûrir. Nous l’avons remplacé par du chardonnay, un cépage qui a fait ses preuves dans cette région », explique Augustin Deschamps, le tout nouveau directeur du domaine. Aujourd’hui le domaine compte 43 ha en production, dont 10 ha de chardonnay.
Les équipes techniques de Baron Philippe de Rothschid, qui pilotent le travail à la vigne et au chai, transposent et adaptent les pratiques bordelaises à ce vignoble « qui ne ressemble à aucune de nos autres propriétés », selon Philippe Sereys de Rothschild, Pdg de l’entreprise. Ainsi sur les sols les plus riches, les vignes ont été plantées à haute densité : 7500 pieds/ha, tandis que les parcelles moins fertiles restent conduites à 4500 pieds/ha, densité plus traditionnelle en Languedoc. L’enherbement est pratiqué un rang sur deux ou tous les rangs, en fonction de la vigueur, l’objectif étant d’obtenir un rendement de 40 à 50hl/ha. Le vignoble n’est pas conduit en bio mais glyphosate et CMR sont exclus des traitements. Cette année, le chef de culture, Didier Dezileau, a mené des essais d’implantation de piloselle, alternative possible au travail sous le rang, difficile à effectuer sur les parcelles en devers.
En 2016, la famille a investi 1 M€ dans la construction d’un nouveau chai à barriques, qui abrite 440 fûts répartis pour moitié entre blanc et rouge. Les blancs sont fermentés puis élevés 8 mois en barriques (dont 40 à 50% de fûts neufs). Les rouges sont élevés en barriques pendant 12 mois pour le grand vin et 6 mois pour le second vin. En fin d’élevage, seul deux tiers des vins les plus qualitatifs seront conservés pour entrer dans l’assemblage des trois cuvées du domaine, le reste est déclassé en vin de pays d’Oc.
Les 160 000 bouteilles produites sous la marque Baronarques (1/2 de grand vin rouge, 1/4 de grand vin blanc et 1/4 de second vin rouge) sont vendues pour l’essentiel aux négociants de la place de Bordeaux, qui les exportent à 95%. Le Japon est le premier marché export pour les vins Baronarques. La nouvelle équipe du domaine (dont le chiffre d'affaire 2017 est de 2 millions d'euros) a pour ambition de développer la diffusion en France notamment à travers la restauration, avec pour priorité les grandes tables de la région. Autre projet pour l’équipe en place : développer l’œnotourisme. « Nous avons un site qui s’y prête et recevons beaucoup de demandes pour l’organisation d’événementiel d’entreprises», confie Augustin Deschamps. La métamorphose du domaine devrait se poursuivre avec la rénovation de la maison de maître et de ses neuf chambres pour avoir la possibilité de faire du réceptif. « Pour faire connaître nos vins, rien ne remplace l’expérience au domaine », soutient le nouveau directeur.