Le gouvernement doit cesser d’écouter les alcooliers qui, contre toute évidence et les études de l’Organisation Mondiale de la Santé, réfutent la pertinence de la fiscalité comportementale » assène un communiqué de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (Anpaa). Exigeant depuis des années une hausse du prix des boissons alcoolisées en général, et du vin en particulier, le lobby abstentionniste remet sa demande au goût du jour en s’appuyant sur le rapport annuel de la Cour des Comptes sur le financement de la Sécurité Sociale. Les experts soulignent que « si la lutte contre le tabagisme a récemment progressé, l’alcool et la consommation alimentaire restent encore des parents pauvres de la prévention ». Pour lutter contre les maladies cardio-neurovasculaires, leur rapport recommande « une action vigoureuse, utilisant le levier fiscal, pour réduire les consommations d’alcool et de boissons sucrées ». Soit une hausse des droits d’accises « sur l’ensemble des boissons alcoolisées et la contribution sur les boissons contenant des sucres ajoutés ».
Du pain béni pour l’Anpaa, pour qui « on aurait tort de n'y voir qu'une proposition d'opération comptable et circonstancielle ». L’association y voit même « une raison supplémentaire d'ouvrir le chantier de la fiscalité des alcools : il s'agit d'un maquis incompréhensible qui n'obéit à aucune logique sinon celle des influences respectives des groupes d'intérêts, et qui se traduisent actuellement par un privilège fiscal unique pour les boissons à base de vin (13 fois moins taxées que les bières et 62 fois moins que les spiritueux) ».
Actions de prévention
Si l’Anpaa souhaite la création d'un prix minimum du degré alcoolique, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn prend des pincettes dans sa réponse aux conclusions de la Cour des Comptes. La médecin se contente d’annoncer l’élargissement du fonds de lutte contre le tabac « aux autres substances psychoactives, et donc en premier lieu financera également des actions de prévention relatives à la consommation excessive d’alcool ». Une réponse bien timorée pour l’Anpaa, qui juge, dans un autre communiqué, qu’« augmenter de 10 millions d’euros le Fonds de lutte contre le tabac à l’ensemble des substances psychoactives relève d’un effet d’annonce sans commune mesure avec la dimension du problème ».