Je suis habitué aux attaques de l'ANPAA qui ne me font nullement varier dans mes convictions et mon amour du bon vin bu en quantité raisonnable » rassure le docteur Jean-Robert Pitte, secrétaire perpétuel de l’Académie des Sciences Morales et Politiques (Institut de France). « Bien connu de tout le milieu addictologique en raison de sa défense enflammée du lobby viticole », le docteur Jean-Robert Pitte semble en effet l’homme à abattre pour l’Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie (l’ANPAA). Dans un récent communiqué, le lobby hygiéniste dénonce la « nomination aberrante » de l’universitaire au Comité Relatif à l’Honnêteté, à l’Indépendance et au Pluralisme de l’Information et des Programmes du groupe Radio France.
Datant du 3 avril 2017 (en pleine campagne présidentielle), cette nomination était passée inaperçue à l’époque, mais irrite désormais au plus haut point l’ANPAA (semble-t-il alertée par un article à charge de l’association Action Critique Médias, Acrimed). « Jean-Robert Pitte inquiète à juste titre les acteurs du soin et de la prévention en addictologie, car il ne sera pas un défenseur fervent du respect de la loi Évin » alerte ainsi l’association, estimant que « la décence et le respect de l'éthique voudraient que l'on reconsidère cette nomination, sauf à rendre ce comité illégitime voire dommageable dès sa mise en place ».


« Je suis membre du comité d'éthique de Radio France, ce qui évidemment est sans rapport avec mes points de vue sur le vin » rétorque Jean-Robert Pitte. Qui ne cache pas son contentement d’avoir vu la loi Évin assouplir son cadre pour la communication œnotouristique : « je respecte la loi, évidemment, et je suis heureux qu'elle ait pu évoluer à la fin de la précédente législature, en permettant d'évoquer le vin dans les médias d'une manière moins prohibitionniste que dans la première version de la loi ».
Membre de l’Institut et de l’Académie du Vin de France (qu’il a présidé de 2010 à 2016), le géographe siège au comité éthique de Radio France avec quatre autres personnalités (l’avocate Noëlle Lenoir qui dirige la CNIL, les journalistes Isabelle Giordano, Gilles Leclerc et Monica Maggioni). Nommés pour trois ans, les membres de ce comité doivent « renforcer la liberté, l’indépendance et le pluralisme des médias » sur les radios françaises publiques (France Inter, Franceinfo, France Bleu, France Culture, France Musique, FIP et le Mouv’).