L’agriculture biologique favorise la régulation naturelle et la maîtrise des bioagresseurs, pathogènes, ravageurs et plantes adventices » résume une étude bibliographique publiée cet été dans la revue Nature Sustainability. Qui précise que « la régulation naturelle des bioagresseurs (qu’il s’agisse de taux de parasitisme, de prédation ou de compétition) est plus importante dans les systèmes de culture biologique que dans les systèmes conventionnels, et ce pour tous les types de bioagresseurs (pathogènes, ravageurs ou adventices) ».
Réalisée par un consortium international, cette méta-analyse d’une cinquantaine de recherches publiées a croisé les résultats de nombreuses cultures agricoles, dont la vigne. « Pour estimer l’impact des pratiques bio, nous avons utilisé sept études sur l’infestation des vignes (fournissant 48 points de données) et deux études viticoles sur la régulation (pour 19 données). Il y a peu de résultats, mais ils sont en cohérence avec ceux des autres cultures pérennes (notamment en arboriculture) » explique le docteur Adrien Rusch, corédacteur de l’étude et chercheur à l’Institut National de la Recherche Agronomique (INRA). Pour lui, les enseignements de l’étude sont clairs : « le potentiel de régulation des ravageurs est plus haut et moins variable en bio qu’en conventionnel. Et le taux d’infestation n’est pas plus élevé en bio qu’en conventionnel. »


Si l’étude globale permet une « analyse statistique robuste, permettant de décorréler variabilité et biais », Adrien Rusch explique que « toute la difficulté est de transposer ces résultats généraux à un vignoble et un contexte pédoclimatique particulier ». Ce qui n’empêche pas la méta-analyse de donner des pistes. « Il y a de bonnes raisons de croire que les résultats sont en partie valables dans le contexte viticole » estime le chercheur girondin, qui souligne que si ces résultats peuvent sembler contre-intuitif aux praticiens, ils sont en cohérence avec les résultats des équipes de l’INRA de Bordeaux. En 2015, des mesures dans le vignoble n’ont pas trouvé de différence de pression des maladies entre les cultures bio et conventionnelle. Ces mesures ont été reconduites en 2018, et permettront de valider si le d’infestation reste bien inchangé dans le cas d’une virulence inédite de mildiou.