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Transition écologique
De moins en moins de traitements anti-botrytis

Le nombre de traitements anti-botrytis est en baisse. Les vignerons veulent minimiser le risque de résidus dans leurs vins et misent sur la prophylaxie plutôt que sur la lutte chimique. Le biocontrôle se développe.
Par Ingrid Proust Le 09 juillet 2018
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De moins en moins de traitements anti-botrytis
«

 Les traitements anti-botrytis ne sont pas une priorité dans notre vignoble. On n’en applique pas sur chardonnay, seulement sur gamay et pinot noir, en deux passages », constate Gilles Saunier, responsable technique vigne à la Coopérative agricole Maconnais Beaujolais. « Ils ont très nettement baissé sur la Gironde, le Lot-et-Garonne et la Dordogne », note Pascal Audrain, responsable marché vigne arbo à Terres du Sud.

« En Alsace, le marché est très résiduel et ne concerne plus que les raisins destinés au Crémant. En moyenne, sur l’ensemble des surfaces, il n’y a que 0,5 par ha », signale Philippe Kuntzman, en charge du service technique vigne au Comptoir Agricole.

En Val de Loire, la tendance est la même. « Il y a encore quelques années, les vignerons réalisaient deux applications par hectare. Aujourd’hui, c’est seulement 0,2, soit un hectare traité sur cinq », explique Pascal Mallier, conseiller viti-oeno aux Laboratoire Renaud dans le Loir-et-Cher.Avec le Bordelais et la Bourgogne, la Champagne figure parmi les vignobles où les anti-botrytis restent les plus utilisés. Pour autant, même dans cette région, ils reculent. « Les vignerons réalisent un à deux traitements », indique Eric Leroux, responsable produits de santé du végétal chez Compas dans la Marne. « Il y a dix ans, ils en faisaient trois sans se poser de questions. Aujourd’hui, les stratégies à trois passages sont rares et concernent les parcelles les plus à risques », commente Jean-Baptiste Drouillard, expert technique vigne chez Syngenta.

Pourquoi une telle baisse ? « Face à la pression de la société, les vignerons ont peur de traiter », lâche Luc Truchon, directeur technique et environnement à la CSGV en Champagne. « Ils craignent aussi d’avoir des résidus d’anti-botrytis dans leurs vins », ajoute Pascal Audrain.

L'effeuillage se développe

« L’effeuillage, essentiel pour réduire le risque botrytis, se développe avec de bons résultats », poursuit Luc Truchon. A cela s’ajoutent les autres travaux en vert, l’enherbement et le raisonnement de la fertilisation pour former un ensemble de pratiques qui préviennent la maladie et font baisser les attaques.

En Nouvelle-Aquitaine, Pascal Audrain avance d’autres explications : « les raisins sont récoltés plus tôt pour plus de fruité et de légèreté. Et, si besoin, la thermovinification permet de tolérer un peu de botrytis dans la vendange ». Pascal Mallier signale aussi que « des vignerons ont eu des déboires avec certains produits ». Le Luna Privilège par exemple avait entraîné des distorsions de croissance du feuillage, l’année suivant son application, ce qui lui avait valu d’être retiré du marché.

Aujourd’hui une grosse quinzaine d’anti-botrytis sont disponibles. Geoxe, Switch (Syngenta), Cantus, Scala (BASF) et Teldor (Bayer) sont les plus utilisés. Selon les firmes, 120 000 à 155 000 ha reçoivent de tels fongicides en France. « Dans les vignes traitées, il se fait en moyenne 1,5 traitement par hectare et par an », précise Jean-Baptiste Drouillard de Syngenta.

Alors qu’elles ont baissé l’an dernier, cette année les utilisations devraient repartir à la hausse. « Avec les petits rendements des années précédentes, la grêle et la forte pression de mildiou, les vignerons doivent préserver leur potentiel de récolte », prévoit Jean-Luc Dedieu.

La plupart des techniciens préconisent de traiter tôt. « Un anti-botrytis au stade A (chute des capuchons floraux) représente 50% de l’efficacité du programme », déclare Luc Truchon, qui préconise un deuxième traitement si nécessaire au stade B (fermeture de la grappe).

« Si le viticulteur ne fait qu’un seul traitement, il le fait au stade A », confirme Pascal Mallier. Dans le Beaujolais, Gilles Saunier recommande de traiter « au stade A et au stade B plus 10 jours ». En Nouvelle-Aquitaine, Pascal Audrain conseille également une application au stade A. Dans le Gard en revanche, « des coopérateurs sont incités par leur cave à traiter au stade C (véraison) pour sécuriser la récolte et rechercher une maturité optimale », constate Jacques Oustric, animateur conseiller chez Charrière Distribution.

Traitements précoces pour limiter les résidus

Traiter aux stades précoces réduit les risques de résidus. Pour limiter encore la menace, des techniciens freinent l’usage des matières actives les plus susceptibles de se retrouver dans les vins. « Nous limitons l’usage du pyriméthanil (Scala) », confie Luc Truchon. « Cantus (boscalid, SDHI) est en baisse chez nous », indique Pascal Audrain.

Autre solution pour limiter les résidus : le biocontrôle. « Les vignerons sont en demande. Nous leur conseillons Serenade Max (homologué en SDN, NDLR) ou Armicarb », signale Eric Leroux. « Nous recommandons Mevalone ou Armicarb. Appliqués après le stade B, ces produits donnent de bons résultats si la pression est modérée », indique Luc Truchon. Dans le Loir-et-Cher, Pascal Mallier préconise « Serenade Max au stade C, ou du talc en fin de saison, entre 5 et 10 kg/ha ». Lucides sur l’évolution du marché, les firmes développent de nouvelles solutions de biocontrôle.

De nouveaux produits

Au début de l’année, BASF a obtenu l’homologation de Serifel, un anti-botrytis à base de Bacillus amyloliquefaciens. « Nous ne l’avons pas encore mis en marché pour des raisons logistiques, explique Béatrice Bacher. Nous le préconiserons avec Cantus ou Scala, nos produits conventionnelsNous travaillons également Scala à dose réduite (1,8 l/ha au lieu de 2,5 l/ha) en association avec Armicarb, au stade B, pour réduire l’IFT ». En revanche, BASF n’envisage pas de préconiser son produit Romeo, à base de parois de levures de Saccharomyces cerevisae, contre le botrytis bien qu’il soit homologué pour cet usage.

De son côté, Bayer espère décrocher cet été l’homologation de son anti-botrytis à base de Bacillus subtilis souche QST713. « Il devrait être disponible pour la campagne prochaine. Nous le développerons seul avec un outil d’aide à la décision pour que les utilisateurs puissent le positionner au plus près de la période de risque ou en association avec du Teldor à dose réduite. Avec cette association, nous visons de baisser l’IFT, une efficacité équivalente à un Teldor pleine dose et une meilleure maîtrise des résidus », annonce Jean-Luc Dedieu.Syngenta travaille également sur un produit de biocontrôle contre le botrytis.

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