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L’Italie relance la guerre européenne du sucre dans le vin

La proposition du secteur européen du vin en matière d’étiquetage nutritionnel a déclenché la colère des Italiens. Ils dénoncent une imposture : le sucre ne fait pas partie de la liste des ingrédients à étiqueter.
L’opposition existe depuis plus de trente ans entre les producteurs du Nord et ceux du Sud de l’Europe. Et les différentes législations européennes l’ont arbitrée à plusieurs reprises. Pourtant, le débat vient de se raviver : l’étincelle est partie de la négociation très technique concernant les règles d’étiquetage des ingrédients du vin. Le 12 mars, les principales associations européennes (Copa/Cogeca et CEEV) ont présenté au Commissaire européen à la Santé une proposition d’autoréglementation en matière d’étiquetage de la déclaration nutritionnelle et des ingrédients.
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Cette proposition n’a pas eu l’aval des acteurs italiens (dont Cia, Confcommercio, Coldiretti, Confagricoltura, Alleanza delle cooperative italiane) qui se sont présentés unis et soudés pour refuser de la signer, dès lors que le projet ne prévoit pas l’obligation de mentionner l’éventuel ajout de saccharose dans le vin. Pour l'Italie, où le recours au sucre est interdit, l’utilisation du saccharose pour « enrichir » le niveau d’alcool des vins devrait être indiquée sur l’étiquette. La proposition européenne fait donc bondir de colère les Italiens. En quoi des vins chaptalisés seraient-il exemptés d’informer le consommateur sur le sucre qu’ils ont utilisés, s'interrogent-ils.
« La raison de notre désaccord - explique Ruenza Santandrea, coordinatrice du secteur vitivinicole de l’Alleanza – réside dans le fait que nous avons une position ferme sur l’obligation d’indiquer l’éventuel ajout de saccharose parmi les ingrédients. Cette position va à l’encontre de tous les pays du Nord de l’Europe. La pratique de la chaptalisation, interdite en Italie, est la norme dans tous les autres pays d’Europe, à l’exception de l’Espagne, du Portugal, de la Grèce, de Chypre et de certaines régions de France. Il faut démasquer sur l’étiquette cette imposture concernant l’ajout de sucre. Les consommateurs doivent savoir comment est vinifié le produit qu’ils achètent ».
D’après le président de Codiretti, Roberto Moncalvo, « la révision des normes concernant l’étiquetage de la déclaration nutritionnelle et des ingrédients devait être considérée, afin de permettre aux consommateurs de savoir enfin si le vin qu’ils boivent contient du sucre ajouté ou pas. Cacher ces informations serait une tromperie aussi bien pour le négoce que pour les producteurs qui n’ont pas recours à la chaptalisation, et qui subissent de ce fait une concurrence déloyale ».