On peut réellement parler d'inversion de tendance et s'en réjouir, avec un début de revalorisation de nos vins », a déclaré, à propos de la campagne de commercialisation 2017, Jean-Marc Lafont, vice-président de l'Union des crus, lors de l'AG qui a eu lieu jeudi 8 mars 2018. « Il y a une relance de la commercialisation grâce à une demande qui repart...Nous sommes sur la bonne pente, même si ce n'est pas encore l'euphorie », déclare de son côté David Ratignier, vice-président d'InterBeaujolais. Les différents indicateurs de suivi de la commercialisation des vins du Beaujolais sur l'année 2017 montrent en effet des signaux positifs, à l'exception des Beaujolais nouveaux.
Les ventes en GD ont globalement progressé, légèrement, mais progressé quand même, avec +0,7% volume et +2,6% valeur, tirées par les crus, les appellations régionales restant plus à la peine. Les chiffres du négoce sur le circuit CHR ont également été positifs, avec +1% en volume et +2% en valeur sur les 12 mois. Leurs sorties de chais, qui traduisent l'activité commerciale globale, ont grimpé de +6% en volume sur l'ensemble des appellations, traduisant « un certain dynamisme ».


Mais c'est surtout l'export qui a été le plus dynamique, avec une progression « significative » : 228000 hl de vins de la région ont été expédiés à l'étranger, soit +5,7% en volume et +7,77% en valeur. Les marchés européens ont été particulièrement porteurs avec des croissances à deux chiffres, Royaume-Uni en tête. Le grand export a été lui-aussi positif. Cette hausse concerne l'appellation Beaujolais et les crus.
C'est aussi l'export qui a permis de « sauver » la campagne des primeurs 2017, en étant le seul débouché à connaître une vraie progression sur ce produit, avec +7% en volumes. Les ventes totales de Beaujolais nouveaux restent sinon en berne, avec un volume encore en baisse, de 5%. Le marché vrac accuse à nouveau une baisse (-6%) et les ventes en France ont chuté de -16,5%. En cause: le circuit « traditionnel » (CHR et cavistes) qui a "plongé", avec -33% en volumes. « C'est préoccupant, car cela correspond à une chute structurelle, pas conjoncturelle, liée à un problème d'image auprès de ce circuit ; cela va nécessiter un travail de fourmi, qui prendra du temps », analyse Pierre Gernelle, directeur du syndicat de négociants de la Grande Bourgogne. Les ventes en GD sont quant à elles restées stables.
Les marchés extérieurs sont donc devenu un vrai relais de croissance au marché national, actuellement en panne, à l'image d'ailleurs des autres vignobles français. Enfin, l'année 2017 a été marquée par une progression des ventes globales en valeur, supérieure aux volumes, traduisant une meilleure valorisation des vins.
Concernant la campagne en cours, le marché vrac des Beaujolais « de garde » a été rapide et marquée par une nette remontée des cours. L'origine : le faible volume disponible, la récolte 2017 ayant été particulièrement faible à cause de la grêle et du gel. Les prix en AOP Beaujolais sont ainsi passés de 130€ l'an dernier à 167€/hl, en Beaujolais-villages, passage de 158€ à 180€/hl et ont retrouvé les niveaux de 2015. Les sorties de chais du négoce sur les deux premiers mois de 2018 seraient elles-aussi « très actives ».
« On est en train de passer d'une situation excédentaire de l'offre à un retour à l'équilibre, permis par une diminution de celle-ci et par une demande qui continue d'augmenter », analyse Pierre Gernelle. Un équilibre qui pourrait même s'inverser d'ici 2 ou 3 ans, selon David Ratignier : « On risque d'être en manque de vins rouges, avec les départs à la retraite, les exploitations qui arrêtent et les plantations qui se font en blanc. Les volumes vont finir par être faibles », prévoit celui-ci.