our Pierre du Coüedic, directeur de l'UPECB (Union des producteurs et élaborateurs de Crémant de Bourgogne), l'heure est jusqu'à présent au satisfecit. A ce jour, une trentaine d'entreprises adhérentes au syndicat ont souscrit à la démarche, en présentant des vins à la dégustation dans le but de les faire estampiller « Eminent » ou « Grand éminent » par l'organisme certificateur.
Cela représente environ 80 cuvées différentes, dont une très large majorité ayant obtenu le label « Eminent » mais un petit nombre de « Grand éminent »; un chiffre directement lié à la durée d'élaboration beaucoup plus longue, l'élevage devant être de 36 mois minimum.


En terme de potentiel de commercialisation, ces cuvées ainsi labellisées représenteraient un total de 1,3 million de bouteilles. Une quantité qui reste encore faible au regard du potentiel de production total des crémants de Bourgogne, estimé à 19,4 millions de cols. Mais pour Pierre du Couëdic, cela témoigne néanmoins d'un bon démarrage : « C'est une démarche qui demande aux entreprises de modifier leur produit, de remettre en question leur stratégie de marques qui peut être forte pour certaines... Il faut donc le temps qu'elles rentrent dans le jeu, ce qu'elles font petit à petit. Nous sommes donc plutôt contents de ce résultat », témoigne celui-ci.
Une autre raison pour laquelle ces bouteilles "labellisées" restent à ce jour peu visibles viendrait du fait qu'elles sont la plupart du temps destinées aux marchés export, comme c'est d'ailleurs de plus en plus le cas pour les crémants de Bourgogne de façon générale.
La démarche a convaincu des opérateurs de tailles diverses, comme par exemples la maison Louis Bouillot (groupe Boisset) ou la cave de Lugny, qui va lancer un « Grand éminent » dans quelques semaines, mais aussi de plus petits domaines indépendants. Ces structures souhaitent les valoriser sur le circuit traditionnel : restaurants, cavistes. « En France, ces cuvées ne sont théoriquement pas censées se retrouver en GD et sont donc susceptibles d'être écoulées en petits volumes », commente Pierre du Couëdic.
Selon ce dernier, le véritable bilan de cette nouvelle segmentation ne pourra être tiré que dans 4 ou 5 ans : « Il faut attendre de voir comment cela va évoluer dans les 4 prochaines années. Ce sera négatif si l'on stagne ou si l'on en perd...Ce serait même le pire scenario, qui signifiera que la marque n'a pas pris ». Mais l'objectif n'est pas non plus d'atteindre les 100% des crémants de Bourgogne: « L'idéal » serait, pour la catégorie des Eminents, d'atteindre « 10 à 15% des volumes », soit environ 2 millions de bouteilles. Pour celle des Grands éminents, « si l'on atteint entre 2 et 4%, soit moins de 500000 cols, ce serait bien ».
Illustration: La cuvée Grand éminent « Perle d'Or » de Louis Bouillot; les élaborateurs restent libres d'apposer ou non le « macaron », ou de l'inscrire dans l'étiquette comme c'est le cas ici.