vec 136 000 hectolitres revendiqués en 2017, la production bordelaise de rosé affiche "seulement" un repli de 26 % par rapport à la récolte 2016. « Une baisse moins importante que les -40 % enregistrés par le groupe des appellations Bordeaux » note Ann-Cécile Delavallade, la directrice du service économie et études du Conseil Interprofessionnel du Vin de Bordeaux (CIVB). « Pour les rosés, on s’attendait à une plus petite récolte, vers 100 000 hl. Ces 130 000 hl ont été une agréable surprise » précise Xavier Coumau, le président du Syndicat régional des courtiers de Bordeaux, de Gironde et du Sud-Ouest.
Une moindre baisse qui témoigne de la volonté du vignoble d’avoir des volumes permettant de répondre à une commercialisation croissante. « On cherche une certaine régularité dans la production pour approvisionner les marchés. On souhaite répondre d’une année sur l’autre aux contrats de plusieurs milliers d’hectolitres, du négoce comme des enseignes » témoigne Gilles Lagaüzère, le directeur de la cave de Landerrouat (10 500 hl de rosés produits, -30 % par rapport à une année normale).


Résultat d’une baisse des disponibilités et d’une croissance des besoins, la phase de contractualisation aura été particulièrement rapide. Cette fin février, le CIVB a enregistré la vente en vrac de 54 000 hl de Bordeaux rosé. « En partant du constat que la moitié des volumes rosé produits sont commercialisés en vrac, on peut supposer que 80 % des volumes ont déjà été enregistrés » explique Ann-Cécile Delavallade. Du fait de la petite récolte, il y a eu anticipation des achats, poussés par des vendanges précoces et des vinifications rapides.
« Pour moi, la campagne est finie depuis novembre ! » témoigne ainsi Éric Meynaud, le gérant du château Franc Couplet. Ses lots étaient déjà réservés par des négociants avant même la fin de ses vinifications, afin d’assurer un approvisionnement sur sa production de 650 hl cette année (amputée de 40 % après le gel du printemps). Les contrats ont été signés dans la foulée, et le vigneron n’a pas pu répondre à toutes les demandes : « on a privilégié les contrats de suivi. Le marché se fidélise, et cette année il s’est revalorisé. »
En moyenne, le tonneau d’AOC Bordeaux rosé s’est échangé 1 420 euros sur la campagne. Affichant une hausse de 16 % par rapport aux cours de l’an dernier, ce cours talonne toujours les rouges (1493 €/tonneau, +20 %). « Il y a eu plus d’anticipation et de raisonnement que par le passé » analyse Xavier Coumau, pour qui « contrairement à 2013 ou 1997, il n’y a pas eu d’attentisme avant une flambée. Les prix ont été fermes dès le départ et se sont maintenus de part et d’autre, la volonté est de couvrir les besoins pour fournir le marché avec des hausses raisonnables. »
« La hausse a été raisonnable par rapport au gel de 2017. Les cours sont actuellement corrects. Il faut qu’il y ait une pérennité à ce niveau pour que chacun puisse vivre correctement de son métier » ajoute Gilles Lagaüzère. « 1 400 euros le tonneau, c’est bien, on essaiera de le maintenir, même si on craint toujours qu’une grosse récolte puisse tasser » acquiesce Éric Meynaud, qui se souvient, malgré les petits volumes actuels, des déséquilibres de la trop importante récolte 2014.