près les crispations, la concertation. La possibilité de repli de l’AOC Corbières en AOC Languedoc qui , depuis trois ans, avait fait naître des tensions entre les deux appellations, fait aujourd’hui l’objet d’un travail concerté entre les ODG.
Depuis la création de l’AOC Languedoc en 2007, le cahier des charges de cette AOC régional et celui de l’AOC Corbières, ne s’emboitent pas, ce qui interdit le repli selon l’INAO. Alors que d’autres appellations de la région, comme les Côtes du Roussillon ou le Minervois, ont modifié leurs cahiers des charges et notamment diminué leur rendement pour avoir la possibilité de se replier en AOC Languedoc, l’AOC Corbières n’a pas revu le sien. Son rendement annuel est toujours fixé à 50hl/ha, un niveau équivalent à celui de l’AOC régionale. En 2014, deux producteurs, qui avaient replié de petits volumes de Corbières en AOC Languedoc, avaient été sanctionnés et avaient perdu leur habilitation à produire de l’AOC Languedoc. L’ODG Corbières avait alors porté l’affaire devant le tribunal administratif, qui avait annulé la sanction. Après ces tensions, l’heure est aujourd’hui à la concertation, les deux ODG travaillent à la révision de leurs cahiers des charges afin que le repli soit possible.
L’ODG Corbières se propose de ramener son rendement annuel de 50 à 48hl/ha. « Pour ne pas handicaper les entreprises qui ont l’habitude d’atteindre le rendement de 50hl/ha, l’ODG demandera systématiquement un PLC collectif de 2hl/ha », affirme Daniel Sendrous, président de l’ODG Corbières. En clair, dans le cahier des charges, le rendement annuel indiqué sera bien inférieur à celui de l’AOC Languedoc, mais dans les faits, il sera toujours possible de produire jusqu’50hl/ha. Les modifications du cahier des charges ont été votées en conseil d’administration de l’ODG et doivent maintenant être adoptées par l’AG de l’ODG, prévue le 6 mars prochain.
De son côté, l’AOC Languedoc a également voté en conseil d’administration la révision du rendement des rosés qui passerait de 50 à 54hl/ha et la possibilité d’utiliser le charbon œnologique. L’ODG en profite également pour modifier son encépagement et introduire des cépages patrimoniaux : Clairette rosé, Rivarenc blanc, noir et gris, Picpoul Noir, Counoise, Carignan gris, Grenache gris, Terret noir, gris et blanc ainsi que le Marselan. « L’idée est de préserver ces cépages, qui risquent de disparaître. C’est un moyen de contribuer à la biodiversité et de s’inscrire dans la perspective du réchauffement climatique avec des variétés plus adaptées », précise Jean-Benoit Cavalier, président de l’ODG.
Ces changements impliquent une commission d’enquête de l’INAO, ainsi qu’une PNO (Procédure nationale d’opposition) de deux mois. Selon l’INAO, les délais seront donc trop courts pour une validation pour le prochain millésime, mais ils devraient être entérinés pour la récolte 2019.