u cours d'une conférence de presse ce mercredi 17 janvier au Palais de justice de Montpellier, Christophe Barret, procureur de la République a indiqué que les sept viticulteurs interpelés ce 15 janvier ont été entendus dans le cadre de trois enquêtes menées par le SRPJ de Montpellier. Les sept viticulteurs interpelés et mis en garde à vue depuis ce lundi matin ont pu rentrer chez eux. Le premier a été libéré mardi soir, sans qu'aucune charge ne soit retenue contre lui.
Pour les six autres, l'affaire se présente moins bien, puisqu'ils ont été déferrés devant le parquet de Montpellier. Ils font l'objet d'une Convocation Par Procès Verbal (CPPV), le premier mars prochain où ils comparaîtront devant le tribunal correctionnel. Dans cette attente, ils sont placés sous contrôle judiciaire.
La première affaire date du 3 mai 2017. Un convoi de quatre véhicules de viticulteurs est contrôlé au péage de Saint-Selve, en Gironde. Les gendarmes y découvrent du matériel destiné à commettre des dégradations (masses, merlins, gas-oil, bombe lacrymogène, cocktails molotov...) et des téléphones "dédiés" (acquis spécialement pour l'opération). « Nous considérons que nous avons suffisamment d'éléments matériels pour incriminer cinq des personnes interpelées pour association de malfaiteurs en vue de destructions ou dégradations par incendie, explosifs ou moyen dangereux », précise le procureur. La peine maximum encourue pour ce délit est dix ans d'emprisonnement. Ayant alimenté les rumeurs, cette tentative d'opération bordelaise avait fait planer sur le salon Vinexpo un risque d'action du CRAV (cliquer ici pour en savoir plus).
La deuxième enquête concerne la dégradation et la destruction de matériel, survenues le 19 juillet 2016 à Béziers, dans les installations de la société Vinadéis. Le préjudice s'élève à 900 000 €. Une information judiciaire a été ouverte visant deux des viticulteurs interpelés, sous deux qualifications : destruction et dégradation en bande organisée avec des moyens dangereux et association de malfaiteurs. Les enquêteurs disposent d'éléments d'identification (vidéo), a précisé le procureur. Une troisième procédure est engagée pour des faits commis à Sète, le 2 août 2016 au siège de la société Biron. 44 cuves avaient été vidées, 11 000 hectolitres de vin se sont répandus dans les rues de ce quartier de Sète. La société Biron s'est récemment portée partie civile et a saisi le doyen des juges d'instruction. Une information a été ouverte contre X.


« Nous sommes dans un état de droit, des infractions pénales ont été commises, il est normal et nécessaire que la justice s'y intéresse », a affirmé Christophe Barret, qui a néanmoins tenu à préciser que cette affaire se tenait dans un cadre bien particulier. « Les personnes déferrées sont des viticulteurs, des gens qui travaillent et qui ne sont pas à confondre avec les personnes qui habituellement font l'objet de poursuite pour association de malfaiteurs ».
Christophe Barret a par ailleurs révélé qu'entre avril 2016 et août 2017, 32 faits ont été recensés par les enquêteurs, pour un préjudice total de 3 millions €, pour lesquelles les enquêtes se poursuivent. Toutes ces actions ont été revendiquées par le CRAV ou le CAV. Il a également indiqué que simultanément à ces affaires, une enquête, conduite par le parquet de Narbonne a été ouverte à l'encontre de deux personnes pour faux, usage de faux, escroquerie et tromperie sur la qualité dans le cadre de l'importation de vins étrangers dont l'origine aurait été frauduleusement transformée. Là encore, affaire à suivre.
Les viticulteurs, qui s'étaient encore mobilisés ce matin devant le palais de justice de Montpellier, en soutien à leur collègues en garde à vue, se sont dispersés dans le calme après que le dernier des interpelés ait quitté le palais de justice aux alentours de midi. Mais ils devraient être à nouveau nombreux à venir soutenir leurs confrères lors de leur comparution le premier mars prochain.