Le péril jeune

e jour du Beaujolais Nouveau, Vin et Société inaugurait son laboratoire d’idées sur la génération Y. À la tribune, des jeunes femmes d’une école de commerce, une blogueuse lifestyle et le Darkplanner  étaient venus expliquer à l’assistance la vie des jeunes et leur rapport au vin. À la sortie de cette présentation, une question trotte dans la tête : à quoi sert une telle rencontre ? Peut-on se satisfaire de l’analyse de jeunes femmes pour penser le marketing du vin à destination de la cible des 18/35 ans ? De nombreuses études existent déjà sur le sujet et bien des constats tirés lors de la conférence, découvraient ce qui a été dit et redit sur le sujet depuis des années. En bref : les jeunes ne connaissent rien au vin ; plus ils vieillissent, et plus ils s’y intéressent, leur pouvoir d’achat devenant plus conséquent. Rien de nouveau sous le soleil donc, si ce n’est qu’aujourd’hui, une blogueuse lifestyle affirme sans sourciller qu’elle choisit la couleur du vin qu'elle consomme en fonction de l’ambiance graphique de la photo qu’elle s’apprête à poster sur Instagram. Voila, pour l’avancée qu’aura permis la rencontre : le jeune est passé à un langage de l’image (la société dans son ensemble d’ailleurs aussi,…) et le vin est vécu comme un accessoire de mode.

Ce n’est pas tant la pauvreté intellectuelle de la rencontre que l’absence d’intentions qui questionne. En quoi savoir que le vin est un accessoire de mode des jeunes sert-il l’action de Vin et société ? Cela convaincra-t-il le Ministère de la santé de ne pas revenir sur la liberté de communiquer sur le vin sur Internet ? Cela répondra-t-il à la question de l’utilité des repères de consommation pour la cible jeune ? Cela permettra-t-il à Vin et société de conquérir le champ des idées en matière de consommation de vin ? Cela permettra-t-il de former, d’éduquer au vin ? Former, éduquer : des mots qui n’ont même pas été prononcés.