n ne peut plus hétérogène, le millésime 2017 marquera les esprits vignerons. Que l’on ait vécu une année de gel, de sécheresse, de coulure, d’esca… Ou que l’on ait été miraculeusement épargné de ces calamités. Les 174 réponses récoltées en dix jours auprès des lecteurs de Vitisphere témoignent de cette spectaculaire diversité. Parmi nos lecteurs, 45 % ont été touchés par le gel (dont un tiers pour la première fois), 36 % ont été impactés par la sécheresse et 7 % par la grêle (dont la moitié pour la première fois). Seuls 12 % disent être sortis indemne des épreuves de cette année (du moins en terme de production, voir encadré). Sachant que la coulure et l’esca se sont invités avec force dans de nombreux vignobles.
Globalement, 80 % des sondés estiment que leur récolte 2017 sera inférieure à la moyenne. Avec une baisse de production de l’ordre de 55 %. Dans le détail, 40 % visent un rendement moyen de 40 à 60 hl/ha. Ils sont 31 % à tomber entre 20 et 40 hl/ha, 15 % à chuter en dessous de 20 hl/ha et 14 % à espérer plus de 60 hl/ha. Si les situations sont très contrastées au vignoble, elles le sont encore plus à l’heure des premières presses, où globalement la déception prédomine (50 % des jus obtenus sont en dessous des attentes). Si un tiers des sondés voient leurs presses à la hauteur de leurs attentes, ils ne sont que 9 % à se dire agréablement surpris par les résultats.


Au-delà des constats, ce sont les craintes qui transparaissent de ce sondage. Et c’est inévitablement la question des cours qui préocupe un tiers des répondants. Ce que confirment les nombreux commentaires laissés à la suite du questionnaire. « Si les prix ne remontent pas, l’année va être difficile. Car les charges, elles, ne diminuent pas : MSA, phytos, sans oublier le zèle de l’administration » annonce Lolo11. « Dans le meilleur des cas nous allons faire une demie-récolte. Les prix vont-ils augmenter ? Beaucoup d'exploitations vont disparaître. Pourquoi continuer ? L'amour du métier ne suffit plus » lâche avec pessimisme un vigneron du Beaujolais. Avec une « troisième année consécutive de baisse des rendements, cette année 2017 va mettre mon exploitation plus qu'en péril » renchérit Flo.
Bref, « l'année de trop, on vend ! » tranche Jourdan. Entre désespoir et fatigue, un certain fatalisme point, sur l’air du « il faudra s’y faire ». 64 % des sondés estiment ainsi que la précocité du millésime 2017 est une nouvelle preuve du changement climatique. « D'une année sur l'autre on avait l'habitude de dire "ça ne peut pas être pire", et bien si ça peut toujours être pire, la preuve. Il faut se préparer à des années mauvaises les unes derrière les autres » s’alarme également Maille.
Mais si la force des aléas climatiques aura matraqué ce millésime, l’assurance récolte n’est pas la première des préoccupations pour le prochain millésime. Seuls 17 % des sondés sont prêts à l’envisager pour 2018. Pourtant les exemples ne manquent pas comme celui de Tigrou33 : « une baisse de récolte de 30 à 40 % due au gel, compensée par des rachats de vin sur d'autres parcelles permettent de limiter la casse. Le château étant très bien assuré, on s'en sort bien, sur les pieds épargnés la charge est assez importante et de qualité, mais la taille et le tirage des bois vont être sportifs ! » Quelle que soit leur situation, les vignerons n’en ont pas encore fini avec le millésime 2017.
Si 12 % des sondés ont été épargnés par les aléas de cette année, ils sont 9 % à annoncer voir couler de leurs pressoirs plus de jus que prévu, et surtout 20 % à attendre une récolte supérieure à la moyenne. En moyenne, cette hausse des rendements est conséquente : +80 % ! Il faut dire que dans certains vignobles, le gel de 2017 est presque un moindre mal. En val de Loire ou dans la grande Bourgogne, il n’y aura presque eu que du gel et de l'esca, alors que les années passées avaient en plus cumuler grêle et forte pression cryptogamique. Une récolte épargnée n’est cependant pas pour autant situation enviable. Agréablement surpris par son rendement, JB nuance ainsi : « situation financière très précaire. Toute la récolte 2016 en cave. De plus en plus dur de tenir moralement. J'adore mon métier, mais à l'heure actuelle, je me pose pleins de questions… »