espectivement ministres espagnole et français de l’Agriculture, Isabel Garcia Tejerina et Stéphane Travert ont présidé ce matin le premier comité mixte franco-espagnol du secteur vitivinicole. Déjà préparée par les représentants des vignobles le 24 mai dernier à Madrid, cette réunion a officialisé le lancement de la plateforme de discussions entre les filières. Faisant suite aux vidanges languedociennes de cuves espagnoles en 2016 et 2017*, ce groupe de travail se voit en think tank pour poser « les bases d’une vision économique commune de la filière vitivinicole franco-espagnole » rapporte un communiqué du ministère français.
« Il était important de renouer le dialogue et d'aborder ensemble les éléments d'une situation qui nous a perturbée depuis 2015 sur nos entrées de gamme et IGP » se félicite Jérôme Despey, le président du conseil spécialisé vin de FranceAgriMer. « Nos homologues espagnols ont également constaté que des prix de 35 euros l'hectolitre en vins sans indication géographique n'étaient pas rémunérateurs, décents et viables » souligne le viticulteur languedocien.
La prochaine réunion du comité étant annoncée pour juin 2018, à Madrid, les participants auront entre-temps à mettre en place deux groupes de travail. Le premier doit aborder avant la fin d'année « la compétitivité et les aspects économiques de la filière, afin d'anticiper les éventuelles difficultés du marché ». Le sujet est crucial, les deux filières étant fortement liées. La France étant le principal importateur de vrac espagnol avec 7,5 millions d’hectolitres en 2016 (les premières données de 2017 laissent cependant penser à une baisse des volumes importés, probablement en dessous des 7 millions hl).
Le second groupe doit plancher début 2018 sur les « aspects réglementaires, visant à établir des positions franco-espagnoles fortes sur les questions de politiques européenne et internationale ». Plus éloigné des préoccupations du Midi, ce volet semble moins épineux, les filières ayant des positions très proches. Comme l'a affirmé la filière française lors du premier Congrès de la Viticulture, l’Espagne est mobilisée pour le maintien des spécificités du vignoble dans la prochaine Politique Agricole Commune (notamment en termes de financement de l’Organisation Commune du Marché vitivinicole).
* : Cette crise ayant abouti en début d'année à la demande du gouvernement espagnol à la France de garantir la libre circulation des marchandises, en vertu du droit européen (cliquer ici pour en savoir plus).