n matière de lutte alternative contre les insectes, « il n’y a jamais de solution parfaite. Il faut peser le pour et le contre » prévient Christophe Barbeau, référent vigne pour Euralis, lors de la matinée technique que le distributeur organisait ce 28 juin dans l’Entre-deux-Mers. Ce qui n’enlève pas l’efficacité, et l’intérêt, de ces outils de substitution « tout aussi efficaces, si ce n’est plus, que la protection chimique » renchérit Éric Capredon, le responsable des expérimentations viticoles pour Euralis.


Animant un atelier dédié aux solutions pour réduire/remplacer ses traitements insecticides, les deux experts ne cachaient pas les écueils techniques afférents. Ainsi, pour la confusion sexuelle par phéromones contre les vers de la grappe (eudémis et cochylis), Christophe Barbeau souligne que si des diffuseurs permettent bien de protéger durant la saison le vignoble, il faut répondre à un plan de pose précis. À commencer par une surface suffisante sous confusion sexuelle (au moins 5 hectares, pour permettre une saturation suffisante de l’atmosphère), mais également par la prise en compte des spécificités du vignoble (chemins, forêts, vents, ruisseaux…). Même avec une lutte de précision, la protection n’est pas infaillible avec la confusion sexuelle, souligne l’expert. Dans le cas de fortes pressions (comme en 2016), des traitements peuvent être nécessaires pour moduler des explosions de population (traitements qui peuvent être nécessaires les premières années de mise en place).
Autre alternative aux phytos, les lâchers de trichogrammes permettent de réduire les populations de tordeuses de la grappe. Ces microguêpes parasitent les larves. Contrairement aux RAK de confusion sexuelle, les diffuseurs de trichogrammes n’impliquent pas de dimension minimale et sont biodégradables (car en carton). Mais, s’agissant d’êtres vivants, ces produits sont sensibles. Ils doivent ainsi être déposés dans le vignoble sous 48 heures après réception, et surtout ne pas être exposés à du soufre. En bio, il ne doit ainsi pas y avoir eu de traitements un mois avant le dépôt des diffuseurs. Ce qui limite l’usage des trichogrammes aux deuxième et troisième générations de tordeuses.
Donnant de bons résultats sur cicadelles vertes, le talc ne donne pour l’instant pas de résultats répétables sur les vers de la grappe, souligne Éric Capredon. Dommage pour un produit qui réduit non seulement les grillures, mais aussi l’échaudage et même les conditions favorables aux développements fongiques (pour botrytis, mildiou et oïdium, en asséchant la grappe)…
D’après les experts, la protection est optimale pour 100 diffuseurs à trichogramme par hectare pour une génération de tordeuses. Soit 150 €/ha, sans le coût de pose. Pour des RAK, 500 diffuseurs à phéromone sont nécessaires par hectare, soit 200 €/ha sans le coût de pose. Pour le talc, avec une dose solubilisée de 20 kg/ha, le coût est 30 euros/ha.