es professionnels de la viticulture bourguignonne, en lien avec les services de l'Etat, la Fredon et le BIVB, travaillent depuis 2012 à la réduction des traitements insecticides contre la cicadelle de la flavescence dorée. Après trois campagnes, les efforts réalisés paient : entre 2013 et 2014, les surfaces traitées dans les deux départements concernés, la Côte d'Or et la Saône-et-Loire, ont baissé de 42%. Entre 2014 et 2015, la diminution est encore plus forte, avec une baisse de 95% pour le premier et de 54% pour le second. « La Bourgogne est la région viticole qui traite le moins par comparaison aux zones infectées, et qui a pourtant les meilleurs résultats », témoigne Jean-Hugues Goisot, viticulteur à Chablis, à la tête de la commission flavescence dorée de la CAVB. Mais cela demande une remise en question permanente : tout se rejoue chaque année, il faut être conscient que rien n'est jamais gagné », tempère celui-ci.
Pour y parvenir, d'importants efforts et moyens ont été – et continuent de l'être – mis en œuvre. En 2014 a été instaurée la « conditionnalité » des traitements : au lieu des trois applications obligatoires et systématiques qu'impose le décret ministériel, les viticulteurs bourguignons peuvent effectuer un, deux ou trois traitements, en fonction de l'évolution des populations de cicadelles au cours de la saison, et des secteurs, selon le degré de contamination. Pour ce faire, des comptages précis des larves, puis des piégeages d'adultes, sont réalisés. Par exemple, dans les zones comprenant des pieds malades mais isolés, les viticulteurs ont la possibilité d'effectuer seulement un, voire deux traitements, au cours de la campagne. Grâce à ce système, depuis deux ans, de nombreux viticulteurs n'effectuent donc plus la totalité des traitements prévus initialement.
Toujours dans ces zones faiblement contaminées, les professionnels, après des recherches étayées sur la cicadelle et en accord avec le Sral, ont décidé d'aller encore plus loin en 2015 : la zone de traitement a été réduite à un rayon de 500 mètres autour du pied contaminé, et non plus à l'échelle des communes limitrophes.
Autre moyen mis en œuvre: depuis 2014, les souches contaminées par la flavescence dorée sont envoyées à l'Inra de Bordeaux, qui procède au génotypage du phytoplasme. Certaines « souches » sont en effet peu infectieuses pour la vigne, avec donc à la clé un risque de dissémination moindre. Sur deux communes où ce type de « souche » avait été détectée sur des pieds isolés, l'année suivante, aucun traitement n'a été réalisé. Et aucun foyer n'y a été découvert depuis. Une stratégie « 0 traitement » qui continuera probablement de s'appliquer à partir de 2016 dès lors que des pieds isolés porteurs de cette souche seront découverts. Pour 2016, cela devrait représenter deux pieds sur les 17 retrouvés en 2015.
« Mais tout cela ne peut fonctionner que s'il y a prophylaxie et prospection, le pilier principal sur lequel le plan de lutte est construit, tient à rappeler Jean-Hugues Goisot. Il faut être dans les vignes, faire de la prophylaxie en arrachant tous les pieds malades et prospecter 100% du vignoble, même s'il n'est pas atteint », insiste celui-ci. Sans oublier le fait que tous les acteurs – viticulteurs bio et non-bio, services de l'Etat, Fredon, Chambres d'agriculture et interprofession – s'entendent : les instances parlent « d'une même voix », parviennent à se réunir « autour d'une même table » et à décider ensemble, « le seul moyen pour que les professionnels adhèrent aux propositions », selon le viticulteur.
Carte des surfaces traitées contre la cicadelle de la flavescence dorée depuis 2012 en Bourgogne, en viticulture conventionnelle: