Les vins nature n’ont aucune obligation, à part l’interdiction du soufre. Et certains ne se privent pas de mettre du RoundUp » lance Nicolas Joly, le président de l’association Renaissance des Appellations, rencontré sur le salon Vinexpo en amont de sa conférence « biodynamie et vérité du goût d’un vin » (15h30-17h dans le hall 3). Pour lui, la question des sulfites dans les vins n’est pas celle de l’ajout, de leur qualité. « L’anhydride sulfureux est dénaturé, il a impact sur le goût. Un peu comme si vous regardiez avec des lunettes de soleil un tableau de Vincent van Gogh » estime-t-il. Il ne prône pas pour autant le zéro sulfite : « on peut faire l’apologie du soufre… S’il est d’origine volcanique ! C’est un soufre noble. Monsieur soufre comme je l’appelle. »


Utilisant un appareil de combustion de cette poudre de soufre (la fumée étant ensuite amenée par bulles dans les cuves), il en utilise 400 grammes pour l’ensemble de ses cuvées (200 à 300 litres). « C’est un produit très efficace et sain. N'ayant pas été dénaturé chimiquement, il permet de réduire les doses de soufre » estime-t-il, faisant l’impasse sur les antioxydants alternatifs (comme le sorbate de potassium qu’il juge toxique, l’acide ascorbique qu’il trouve trop vulgaire, ou la filtration stérilisante qu’il trouve trop agressive pour les arômes). Ce soufre d’origine volcanique n’étant pas pur à 100 %, son utilisation alimentaire est cependant illégale. Tandis que son recours est éthiquement contestable, ses conditions de production en Indonésie semblant d’un autre âge. « Ce côté ne passe pas, c’est vrai. Mais je l’utilise en petites doses, et s’il y avait une demande européenne forte, on pourrait envisager de relancer les mines du Vésuve » balaie Nicolas Joly.
Prônant la transparence, Nicolas Joly est logiquement favorable à l’instauration d’un étiquetage obligatoire des ingrédients entrant dans la composition et l’élaboration d’un vin. Ne se voulant ni sectaire, ni agressif, il souligne que cette approche pousserait la filière à être plus vertueuse dans son ensemble. Tout en reconnaissant que « tous les vins en bio et en biodynamie ne sont pas excellents », il y voit clairement la voie d’avenir du vignoble français. « Le consommateur a soif d’un retour à la nature. Mais sûrement plus par envie de santé que par recherche de la vérité du goût » conclut-il.