es gelées du 26 au 29 avril ont touché une grande partie des vignobles français. À Bordeaux, Cognac et Muscadet, la situation est comme ailleurs : désolante. Réagissant très rapidement aux évènements gelifs, le Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux a envoyé un communiqué de presse donnant les premières estimations : entre 20 et 100 % d’intensité et les 65 appellations de Bordeaux concernées. « Nous estimons les pertes de volume entre 30 et 40 % » précise Stéphane Héraud, président de la Fédération des Coopératives Vinicoles d’Aquitaine. Selon lui, des dizaines de milliers d’hectares sont touchées.
À Cognac, la situation est également très inquiétante. « Un tiers des surfaces, soit 25 000 hectares sont touchés avec une intensité de plus de 75 %. Un tiers va à peu près bien et nous sommes en train d’évaluer le dernier tiers » indique Alexandre Imbert, directeur de l'UGVC. En tout, 50 000 hectares seraient touchés. « La baisse de récolte reste à évaluer, mais il sera difficile d’atteindre le rendement objectif » complète le directeur. Ce rendement restait encore à être décidé, mais il devait être aligné avec celui de l’an dernier, soit 110 hl/ha.
Enfin, en Muscadet la situation n’est pas plus rose. « Nous avons connu le gel à la fois la semaine du 20 avril et celle du 26 » explique Olivier Martin, porte-parole de l’ODG Muscadet. Les chiffrages n’étant pas encore réalisés, il est encore difficile de dresser un tableau précis de la situation du Muscadet. « C’est difficile de se faire une idée, mais ce coup du gel est au moins aussi important que celui de l’an dernier » explique Olivier Martin.
Comment ces appellations vont-elles pouvoir traverser la baisse de récolte déjà acquise ? À Bordeaux, le millésime 2016 avait été généreux. « On était sur une phase de reconquête de marché. Ce gel va mettre un coup d’arrêt à la dynamique engagée » prévoit Stéphane Héraut. De son côté Olivier Martin est visiblement très inquiet : « suite aux aléas climatiques de l’an dernier, les stocks sont déjà très bas ». À Cognac, on pense avoir recours sur la réserve climatique et les stocks de gestion. « Mais, il est certain que cela sera insuffisant » se désespère Alexandre Imbert.
La question de l’assurance revient, évidemment. À Bordeaux, le taux de couverture serait entre 20 et 25 % tandis qu’à Cognac, il est d’environ 15 à 20 %. Et Stéphane Héraud d’expliquer : « il n’y a pas beaucoup d’outils techniques contre le gel. Et ce qui existe n’a pas été très efficace. Nous avons testé l’hélicoptère sur 50 hectares : cela n’a pas marché. La seule solution est l’assurance ».