Meursault, comme dans bien d’autres villages de Côte d’Or, tous les viticulteurs sont prêts à faire face à une nouvelle gelée blanche. Mercredi 26 avril, déjà, ils ont posé près de 160 bottes de 400 kg de paille dans les chemins et les abords de vigne, pour encercler un maximum de parcelles. Les premiers se sont levé à 4 heures du matin pour relever les températures. Tous avaient rendez-vous à 5 h au lieu-dit Terres Blanches.
« A 5 heures, il faisait entre -1,5 et -2 °C dans les bas de Meursault, explique Nicolas Mestre, viticulteur. Nous avons décidé d’allumer la paille. A 5h45, tout le monde était à son poste pour brûler la paille, juste avant le lever du soleil ».
L’objectif n’était pas de réchauffer l’atmosphère, mais de couvrir les vignes d’une enveloppe de fumée pour éviter que les pousses gelées ne grillent sous les premiers rayons du soleil.
« Le sol était un peu gelé. Des pousses étaient prises dans de la glace. Nous avons cherché un effet fumigène pour protéger les pousses du soleil, le temps qu’elles dégivrent ; pour que le soleil ne les brûle pas sous la glace », raconte Nicolas Mestre.
Les viticulteurs n’ont pas allumé de bottes entières. Pour faire leurs feux, ils les ont ouvertes et en ont sorti une tranche avec laquelle ils ont réalisé un foyer qu’ils ont ensuite alimenté jusque vers 7 heures quand la glace avait fondu. Pour produire de la fumée en abondance, ils ont régulièrement aspergé leurs feux d’eau. « Nous n’avons même pas brûlé un quart des bottes », explique Nicolas Mestre.
Aujourd’hui, les viticulteurs ont déposé de nouvelles bottes sur les chemins et les abords des vignes pour renforcer leur maillage protecteur.
« C’est la mobilisation dans tout le village, assure Elsa Matrot, présidente de l’ODG Meursault. Nous n’avons pas d’autre solution pour protéger nos vignes. Il n’y a plus de chaufferettes à vendre. Plus d’hélicoptère disponible. Plutôt que de rester les bras ballants nous faisons tout ce que nous pouvons pour sauver notre récolte. »
A Savigny-lès-Beaune , à une quinzaine de kilomètres au nord de Meursault, les vignerons sont tout aussi mobilisés. Ce 27 avril au petit matin, ils étaient entre quarante et cinquante à allumer des feux. « Nous avons commencé vers 5h30. Le ciel était clair. Les vignes étaient toutes mouillées. Il a fait jusqu’à -1°C par endroit. Nous avons entretenu les feux jusque vers 6h30 lorsque le ciel s’est couvert. Les feux se sont éteints vers 7 heures », explique Stephen Maurice, le président de l’ODG.
« Cela ne nous amuse pas. Mais nous n’avons pas d’autre solution. Nous avons déjà gelé l’an dernier. La moyenne des rendements à Savigny-lès-Beaune, c’est 12 hl/ha. On ne peut pas faire deux années comme ça », poursuit Stephen Maurice. Pour l’instant, les vignes ne paraissent pas avoir trop souffert.
A Meursault aussi, les efforts semblent avoir payé. Le gel de cette nuit ne semble pas avoir provoqué de dégât alors qu’il a fait jusqu’à -2°C par temps très humide. Des conditions habituellement mortelles pour les jeunes pousses. Partout en Bourgogne, et dans bon nombre d’autres vignobles de France les vignerons espèrent des conditions clémentes pour la nuit à venir.