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Les minéraux du sol ne font pas le goût du vin
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Minéralité mystérieuse
Les minéraux du sol ne font pas le goût du vin

Les minéraux du sol n’ont a priori rien à voir avec la « minéralité » du vin. Pour les conférenciers de la 15ème matinée des Œnologues de Bordeaux, le magnésium, le calcium ou le zinc n’ont pas davantage d’impact sur le déroulé des fermentations.
Par Marion Bazireau Le 19 avril 2017
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Les minéraux du sol ne font pas le goût du vin
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e lieu de rendez-vous ne pouvait pas mieux tomber. Pour leur 15ème matinée, les Œnologues de Bordeaux ont dressé l’état de l’art de la minéralité au Rocher de Palmer, à Cenon.

Les dernières études tendent à montrer que les notes de silex ou de pierre-à-fusil de certains vins seraient davantage liées la chimie des sulfites qu’à la présence de magnésium, de zinc ou de calcium dans les sols et les moûts.

Pas d'incidence sur les fermentations

S’ils n’ont pas d’influence sur le goût du vin, plusieurs experts ont expliqué que les minéraux du sol n’ont pas davantage de conséquences sur le déroulé des fermentations.

Alain Kleiber, référent technique chez Aurea AgroSciences est le plus nuancé. Pour lui, seul l’azote conditionne les vinifications. Les autres éléments ne font que renforcer son efficacité. « En particulier le magnésium, le soufre et le fer ». Le bore, le molybdène et le zinc constituent également des composés fonctionnels de l’azote. Leur disponibilité est souvent liée au stress hydrique du vignoble.

Responsable R&D pour BioLaffort, Joana Coulon regrette la pauvreté de la littérature sur le sujet. « On sait que l’azote est indispensable au bon déroulé des fermentations mais quid du magnésium, du calcium, du fer ? ». En collaboration avec l’ISVV, elle a étudié l’impact de différents composés organiques (acides aminés, vitamines, lipides), et de plusieurs minéraux sur des moûts carencés de sauvignon. Elle a reconstitué des autolysats de levure, en omettant à chaque fois un ou plusieurs composés. « Le magnésium n’a impacté ni le développement des levures ni les vitesses de fermentation  », explique Joana Coulon. En revanche, les levures se sont mieux multipliées lorsqu’elles avaient du calcium à leur disposition. A l’inverse, le fer a ralenti les fermentations. « Il pourrait poser problème mais les autolysats de levure n’en contiennent pas. Au final, les minéraux semblent jouer un rôle très mineur », conclut la chercheuse. Elle doit désormais étudier leur impact sur la production d’arômes ou de composés soufrés.

Attention aux métaux lourds

A l’Université de Bourgogne, Maria Nikolantonaki est en train de creuser le sujet, du moins pour ce qui concerne les métaux lourds. Pour elle, le cuivre et le fer catalysent les oxydations, facilitent la production de composés soufrés et détruisent certains composés aromatiques, tels que les thiols. Ils gênent aussi les levures et bactéries. « Au-delà de 40 mg/l dans les rouges et dès 20 mg/l dans les blancs, le cuivre ralentit les fermentations alcooliques. Or, les moûts en renferment parfois jusqu’à 100 mg/l. Le cuivre contrarie aussi la multiplication des bactéries lactiques à partir de 4 mg/l », a-t-elle expliqué. 

Des odeurs de toilette à celles de pierre à fusil

C’est bien loin du monde viticole. En faisant le tour du monde des toilettes pour analyser et lutter contre les mauvaises odeurs, que Christian Starkenmann, docteur en chimie organique chez Firmenich (numéro un mondial en création de parfums) a découvert le disulfane d’hydrogène. Cette molécule a l’odeur de pierre à fusil et de craquage d’allumette. Elle sent dix fois plus fort que l’H2S, à l’odeur d’œuf pourri. Le scientifique l’a aussi identifiée en entrechoquant deux silex. Puis, avec l’aide de l’école de Changins, il a analysé des chasselas jugés très minéraux et des vins non minéraux. Il n’a retrouvé le disulfane d’hydrogène que dans les premiers. Reste à comprendre son origine.

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Tous les commentaires (2)
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La r?daction Le 21 avril 2017 à 14:31:35
Bonjour Laurent, En effet l'article aborde surtout l'impact de la présence de minéraux sur les fermentations. Néanmoins, les dernières études tendent à montrer que la minéralité que l'on perçoit dans certains vins est davantage une affaire de sulfites que de teneurs en magnésium ou en calcium. Christian Starkenmann le démontre encore avec le disulfane d'hydrogène. Par ailleurs, Jordi Ballester (IUVV) a comparé la composition chimique de vins français jugés très minéraux, et de vins jugés très peu minéraux. Le SO2 libre, l'acétate d'isoamyle (une donnée surprenante) et l'acidité ont été reliés à une minéralité importante. Le même exercice a été réalisé sur des vins néozélandais. Cette fois, le SO2 combiné, le 3MH, l'acide hexanoique, l'acide malique, ainsi que les ions sodium et calcium sont ressortis. Le chercheur admet que ces deux ions pourraient donner une certaine salinité au vin. En revanche, leur origine reste à élucider, rien ne prouve qu'ils viennent du sol. Et on ne parle que d'un exemple, rien ne garantit que l'on retrouve plus de calcium et de sodium dans tous les vins néozélandais. Bertrand Robillard, directeur R&D pour l'IOC a aussi travaillé sur la minéralité : pour lui, les vins minéraux renferment en général plus d'acide malique que lactique, de SO2 libre, ils sont marqué par une légère réduction et contiennent davantage de CO2. Les recherches se poursuivent mais pour l'instant rien ne relie minéralité perçue en bouche et minéraux du sol. Bien à vous,
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Laurent Le 19 avril 2017 à 11:27:33
Bonjour, Je ne comprends pas ce qui, dans l'article, vous permet de justifier le titre? En effet, il n'est nullement prouvé par A+B dans l'article qu'aucun minéraux n'intervient dans les propriétés organoleptiques du vin. Et pourtant votre titre "Les minéraux du sol ne font pas le goût du vin" semble lui catégorique... Cela n'enlève toutefois pas l'intérêt de l'article sur le rôle des minéraux dans les fermentations. Bien à vous.
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