Quand on a présenté notre projet au ministère de l’Agriculture et à l’INAO, ils semblaient ne pas s’attendre à ce que l’on aille aussi loin dans la mise en place de mesures agroécologiques ! » explique Franck Binard, le directeur du Conseil des Vins de Saint-Émilion. Reprenant comme socle les mesures agroenvironnementales adoptées par l’AOC Bordeaux (interdiction du désherbage en plein, calcul de l’IFT, insertion de cépages résistants…), le nouveau cahier des charges des appellations de Saint-Émilion est en effet aussi ambitieux qu’innovant.
Concernant les AOC Saint-Émilion, Saint-Émilion Grand Cru, Lussac et Puisseguin, ce projet introduit une interdiction de l’épamprage chimique et une obligation de traitement des effluents (reprenant l’exigence réglementaire, afin d’en forcer l’application). Mais il va surtout faire du bruit avec un impératif inédit : l’engagement obligatoire de 100 % de son vignoble dans une certification environnementale, soit reconnue par le ministère de l’Agriculture, soit bio. Et ce dès 2019.
Ces démarches agroécologiques regroupent celles ayant une équivalence Haute Valeur Environnementale, allant de la charte Terra Vitis au réseau AgriConfiance, en passant par le Système de Management Environnemental des vins de Bordeaux (piloté par l’interprofession). Et incluent également les viticultures biologiques et biodynamiques. Aussi divers qu’évolutif, ce corps réglementaire extérieur offre « différents niveaux d’exigences, toutes vertueuses, mais permettant à chacun d’envisager un chemin correspondant à ses méthodes et objectifs » explique Franck Binard.


En gestation depuis deux ans, « ce n’est pas une action en réaction à la pression sociétale, de nos riverains ou des marchés, mais dans la continuité de nos actions et du mandat de Jean-François Galhaud, président du Conseil » explique Franck Binard. Portées par la commission environnement du syndicat viticole, ces propositions ont été adoptées ce 7 mars par son Conseil d’Administration (40 votes pour et une abstention). Elles ont depuis été présentées dans une réunion publique ce 23 mars, et seront soumises au vote de l’assemblée générale le 16 mai prochain.
Confiant dans l’issue de cette consultation, Franck Binard souligne que le vignoble a conscience de l’impérieuse nécessité de ces évolutions. Il faut dire que l’enquête préalable remplie par 400 domaines a de quoi rassurer. 45 % des sondés se sont déjà engagés dans une démarche environnementale officielle. Et parmi ceux ne l’étant pas, 65 % sont prêts à envisager une certification.
Ambitieux, le Conseil de Saint-Émilion prévoit la mise en application de ces dispositions pour le millésime 2019. Faute d’engagement dans l’une des démarches suscitées, les châteaux de la rive droite ne pourront plus prétendre à une AOC de Saint-Émilion. Pour le syndicat viticole, tout l’enjeu est désormais de lever les inquiétudes en proposant un accompagnement à ses adhérents n’étant pas engagés dans une certification agroécologique. Le montage d’une certification collective Haute Valeur Environnementale de niveau 2 est notamment évoquée.