ans le Midi, personne n'a envie de voir revenir la crise qui a touché durement la filière dans les années 2000. Après plusieurs années de hausse, les cours ont retrouvé un niveau correct en 2015 et 2016. Les vignerons ont relancé les investissements, et les jeunes ont commencé à s'installer à nouveau. Mais cette année, le retournement du marché des vins sans IG, qui commence à toucher celui des IGP, ravive les inquiétudes.
« Les prix de l'appellation Corbières résistent mais ceux des IGP fléchissent, et les retiraisons se ralentissent », constate Xavier Capman, président du Cellier de l'Aussou, à Bizanet dans l'Aude. « Le négoce cherche à casser les prix, c'est dommage. Il va falloir réduire les acomptes. Nous avons deux ou trois jeunes adhérents qui sont en train de s'installer, il ne faudrait pas qu'ils se découragent ».
Même constat dans l'Hérault. « Notre coopérative a dû réduire les acomptes de 10 à 15 % depuis janvier, et elle a étalé le versement du solde 2015 », souligne Jean-Luc Nougaret, adhérent des Vignerons de l'Occitane, à Servian. En 2016, la sécheresse a amputé sa récolte de 30%. Tout cela va faire de la trésorerie en moins, alors que les frais, eux, vont augmenter. « Je viens de renouveler un tracteur et d'investir dans un interceps pour réduire les désherbants », précise t-il. Son fils a choisi de revenir à la viticulture et s'est installé il y a deux ans. « Il aime ce métier. Mais je m'inquiète, nous allons vers une période difficile si les cours ne se redressent pas ».


Dans le Gers, les caves peinent également à vendre. « D'habitude, nous avons contractualisé tous nos blancs fin janvier. Cette année, nous en sommes bien loin ! Le marché ne répond plus, nous envoyons des échantillons et nous n'avons pas de réponse », constate Alain Lalanne, installé en cave particulière à Ramouzens. Les quelques propositions d'achat reçues sont inférieures de 40 % aux cours de 2016, et ne couvrent pas les frais. « Les acheteurs préfèrent aller en Espagne. C'est d'autant plus frustrant que nous avons un beau millésime ! ».
A la tribune, Frédéric Rouanet, président du syndicat des vignerons de l'Aude, a dénoncé les négociants qui profitent des importations espagnoles pour tirer vers le bas les prix des autres vins. « C'est le bras de fer avec les acheteurs. Notre coopérative n'a pas encore tout vendu, et a déjà dû réduire les acompte de 20 %, explique Thomas Andreu, un adhérent du syndicat des vignerons du Gard nouvellement créé. Cela fait trois générations que nous nous battons pour rester vignerons, il va falloir continuer ».