n qualité comme en quantité, le millésime 2016 dans la partie méridionale de la Vallée du Rhône est considéré comme « exceptionnel » : « 2016 restera marquée par la grande richesse de ses vins, ce sera un grand millésime de garde », prédit Françoise Dijon, œnologue à l'institut rhodanien. « Mon père, qui est installé depuis 45 ans, considère 2016 comme au-dessus de tout ; pour lui, c'est le meilleur millésime qu'il n'ait jamais vu », confirme Julien Latour, du domaine de l'Espigouette, à Violès (Vaucluse).
Dans les vignes, l'année a été marquée par un nombre de grappes important mais de petites tailles, avec également de petites baies. Ces dernières, au moment de la récolte, étaient très concentrées, lié aux conditions estivales chaudes et sèches. L'extraction de la « matière », au cours des vinifications, a été « facile et rapide », « donnant des vins rouges très colorés, avec une concentration rarement atteinte, assortis d'un bon équilibre acide », indique Françoise Dijon. « La qualité est très homogène et les niveaux de concentrations, de tanins et de couleurs, sont de très bons niveaux, avec un bon équilibre tanin-acidité, sans surmaturité », confirme Xavier Badinand, de la maison Vidal-Fleury. Sauf exceptions liées à un peu de coulures, les vignerons ont aussi « fait le plein » en termes de rendements, ce qui n'avait pas été le cas l'an dernier.
Dans la partie nord de la vallée du Rhône, les qualificatifs pour décrire le millésime de l'année restent plus mesurés. Alors que 2015 était jugé comme le millésime du siècle - comme semble l'être 2016 pour la partie sud - le millésime de cette année est « vraiment satisfaisant » : « Si l'on ne connaissait pas 2015, 2016 serait considérée comme un super millésime », témoigne Xavier Badinand.
Les vignerons qui ont su patienter pour ne pas vendanger trop tôt ont en effet pu obtenir une qualité de vendanges très correcte, avec de bons équilibres entre les paramètres des différentes maturités. Une patience permise par des conditions météo idéales pendant l'arrière-saison, qui ont aussi conduit à une absence totale de pourriture et des raisins très sains. La charge en raisins parfois importante a cependant conduit les vignerons à « pousser les extractions pour aller chercher plus de structure, ce qui n'était pas du tout le cas l'an dernier, témoigne Fabien Ozanne, œnologue chez Dioenos. Mais globalement, le travail en cave a été classique, avec quasiment aucune correction nécessaire, les raisins ne présentant pas de déficit particulier ». Par comparaison avec 2015, les vins rouges septentrionaux de la Vallée du Rhône produits cette année seront « plus tendres, dans la lignée de 2012 ». « Ils seront plus accessibles et abordables dans la jeunesse que le 2015, ce qui correspond à un profil attendu par le marché », poursuit celui-ci.
Quant au volume récolté, celui-ci est, comme au sud, bien au rendez-vous : « Les vignerons ont le sourire : ils feront le plein sur la plupart des appellations, grâce à une bonne charge en raisins, et le vin est bon », conclut Fabien Ozanne.