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Lancement d’un laboratoire pour valoriser les sarments
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De la pharmacie aux phytos
Lancement d’un laboratoire pour valoriser les sarments

Fruit d’un partenariat entre l’université de Bordeaux et l'entreprise Actichem de Montauban, cette collaboration compte créer une filière de valorisation des stilbènes viticoles pour une utilisation phytosanitaire mais aussi oenologiique.
Par Alexandre Abellan Le 29 juin 2016
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Lancement d’un laboratoire pour valoriser les sarments
Le point fort du laboratoire StilNov est son outil de production. Comme cet appareil industriel de Chromatographie Liquide à Haute Performance (HPLC), qui permet de produire des stilbènes à une échelle pilote explique Tristan Richard. - crédit photo : Alexandre Abellan (Vitisphere)
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nauguré ce 28 juin sur le campus bordelais de l'Institut des Sciences de la Vigne et du Vin, le laboratoire commun Stilbène Innovation (StilNov) est opérationnel depuis début 2016. Il unit le savoir-faire analytique des chercheurs de l'université de Bordeaux et le potentiel de production industrielle de l'entreprise Actichem (fondée en 1998 à Montauban). Pareillement spécialisés dans les dérivés de resvératrol, les deux partenaires visent la valorisation des stilbènes issus des sous-produits de la vigne et du vin. Leur laboratoire commun bénéficie pour cela d'un financement de 300 000 euros sur trois ans, grâce à un appel à projet de l'Agence Nationale de la Recherche.

De la santé humaine à celle végétale

En pratique, l'activité du laboratoire StilNov va de l'extraction de polyphénols purs à leur mise en production, en passant par leur identification et l'analyse de leurs activités d'intérêt. « Au départ les travaux sur les stilbènes s'orientaient vers les cosmétiques, mais il y a un intérêt qui nous semble de plus en plus fort pour des applications dans la filière viticole » avance le docteur Tristan Richard, chercheur à l'unité bordelaise des Molécules d'Intérêt Biologique*.

Spécialisé plus de quinze ans dans la production de dérivés de resvératrol, Actichem, s'est essentiellement appuyé pour son développement sur les effets antioxydants, anti-inflammatoires et bioactivateurs des stilbènes, fournissant essentiellement des laboratoires produisant des cosmétiques (anti-âge, anti-rides?) ou des nutraceutique (compléments alimentaires, essentiellement vers l'Amérique du Nord, la Chine, le Japon?). Mais pour son directeur général, Jean-Claude Izard, il est désormais envisageable d'ouvrir son marché à la filière viticole, des traitements phytosanitaires à la conservation des vins.

On est confiant pour la protection des plantes,?

« En 2007, nous avions découvert l'effet protecteur vis-à-vis du mildiou d'extraits de sarments riches en stilbènes. En serre comme au champ, l'activité de cet extrait était au moins comparable à celle de la bouillie bordelaise. Voire deux à trois fois plus » se rappelle Tristan Richard. Mais ces résultats n'ont jamais été publiés, et son restés dix ans dans un tiroir. « A l'époque il n'était pas à la mode de développer des molécules antifongique d'origine naturelle et les capacités de transfert étaient limitées » se souvient le chercheur.

Le temps est venu de relancer ce projet et d'imaginer le déployer s'enthousiasme Jean-Claude Izard. Les extraits en question sont en cours de validation avec l'Institut Français de la Vigne et du Vin (à Amboise et Gaillac). Et des brevets seraient sur le point d'être déposés, témoignant de la confiance dans ce potentiel de développement.

?il y a encore du travail pour remplacer les sulfites

Les pouvoirs anti-oxydants des stilbènes pourraient également en faire une alternative de choix aux sulfites dans la conservation des vins. C'est du moins le coeur des travaux de la chercheuse espagnole Emma Cantos Villar de l'Institut de recherche et d'enseignement agricole de Jerez de la Frontera (IFAPA). Si les premiers résultats sont prometteurs, ils mettent également à jour des limites empêchant d'imaginer une utilisation tel quel (cliquer ici pour en savoir plus). Le principal enjeu est actuellement la reformulation de l'extrait utilisé, afin de le solubiliser plus facilement et éviter des colorations intempestives (notamment sur vins blancs). Et encore, « ce n'est que la partie émergée de l'iceberg que l'on voit. Il y a encore beaucoup de recherche à mener pour optimiser le produit » annonce Emma Cantos Villar.

Vinoraffinerie

Pour Jean-Claude Izard, le laboratoire StilNov doit définir, autant que valider, le spectre d'action des stilbènes. Ce qui serait le préliminaire vers un projet plus vaste de « vinoraffinerie », répondant à un concept circulaire de sarments pris au vignoble pour être réinjectés dans la filière sous forme de fongicides à la vigne ou de conservateur à la cave, mais aussi de source d'énergie ou de biomasse. « La question est de savoir dans quel modèle peut s'inscrire ce concept de valorisation circulaire des sarments » explique Jean-Claude Izard, qui a dans l'idée de recruter une cave coopérative pour monter une vinoraffinerie pilote. L'implication des opérateurs, notamment en terme d'approvisionnement, est pour lui la clé du passage à cette nouvelle échelle. Il est vrai bien éloignée d'une PME spécialisée dans le sourcing de produits cosmétiques.

 

* : Avant janvier 2016, cette unité de recherche bordelaise était baptisée Groupe d'Etude des Substances Végétales à Activité Biologique (GESVAB).

Sortir du tout-resvératrol pour revenir à un sourcing viticole

Jean-Claude et Tristan Richard se sont rencontrés en septembre 2010 au Danemark, lors du premier colloque mondial sur le resvératrol. Alors que la molécule est devenue célèbre grâce au concept de French Paradox, et de son volet sur la consommation de vin, ils se sont trouvés être les deux seuls intervenants à parler de sourcing viticole. Il faut dire que l’essentiel de la production mondiale de resvératrol est chinoise, fabriquée à partir d'une herbacée, le Polygonum cuspidatum, ou renouée du Japon. Persuadés que les stilbènes ont un potentiel d’action tout aussi intéressant que les resvératrols, les deux hommes ont d’abord travaillé sur l’identification de nouveaux stilbènes, puis ont lancé ce projet de laboratoire commun.

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