L
es derniers chiffres communiqués par FranceAgriMer sur la campagne en cours des rosés provençaux montraient, à fin décembre 2015, une baisse conséquente des volumes échangés entre production et négoce par rapport à l’an passé – de l’ordre de 30 %. Mais, soulagement pour les producteurs, les transactions enregistrées en janvier et février 2016 ont été plus nombreuses, signe d’un véritable « démarrage » du marché. Fin février 2016, les volumes cumulés pour les trois appellations n’étaient ainsi en baisse que de 16 %, réduisant donc fortement le « retard » pris en début de campagne. À noter que l’appellation Coteaux d’Aix-en-Provence est concernée de façon plus importante que ses homologues par cette tendance : les transactions enregistraient une chute de 42 % à la fin janvier 2016, elles ne sont plus qu’à -26 % en février 2016 (voir graphique plus bas). Une variation à la baisse plus forte que pour les autres, donc, liée à une situation « excédentaire » en volume de l’appellation sur le marché, cette année. Le volume disponible est nettement plus abondant, alors que des « lignes » commerciales ont été perdues, par manque de vins les années passées.
Pour l’interprofession, l’explication de cette baisse globale des volumes échangés par rapport à l’an dernier est simple : le marché n’avait pas véritablement démarré fin décembre et il s’agit d’un retour à une situation « normale », les deux dernières campagnes ayant été particulièrement « précoces » : « Nous étions en situation de pénurie, avec un manque de produits disponibles, explique Laurent Rougon, viticulteur élu à la Commission économie du CIVP. Cela a entraîné des campagnes qui ont démarré tôt, dès novembre-décembre, fort et qui ont été courtes. » « Ces deux dernières années, les opérateurs ont pris des habitudes d’achats faits très tôt, car ils cherchaient à se couvrir, avec une attitude quasi agressive », confirme Philippe Brel, directeur d’Estandon vignerons. Les récoltes 2014 et 2015, plus abondantes, ont ensuite permis un retour à un niveau de disponibilité « correct », facilitant un retour à une situation plus « normalisée, conforme à ce qui se faisait il y a cinq ans, avec un démarrage des transactions en janvier-février », estime Philippe Brel. « Cette année, la situation est moins tendue et il y a un décalage naturel des propositions d’achats par les opérateurs qui ne s’affolent pas vers janvier-février », confirme Laurent Rougon. Une campagne qui devrait, selon lui, s’étaler jusqu’en avril ou mai 2016.
L’heure n’est donc pas à l’inquiétude, tout au moins affichée, à l’interprofession. « Les retards ne sont pas inquiétants si l’on regarde un historique à plus long terme : le marché est quand même dynamique », commente Michel Courdec, responsable de l’économie au CIVP. « Nous n’avons pas d’inquiétude, mais nous sommes attentifs aux marchés », conclut Laurent Rougon.
Ce graphique représente en vert les volumes ayant fait l’objet de contrats vrac en appellation Coteaux-d’Aix-en-Provence, et en pointillés verts, les disponibilités pour la campagne en cours ; et en marron, les mêmes indicateurs mais pour les deux campagnes précédentes :
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