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our éclairer les vignerons sur l’évolution de leur vin en bouteille, Christine Lagarde-Pascal, responsable des recherches chez Vivélys, et Christian Loisel, directeur R&D chez Diam bouchage, ont réalisé une étude comparative originale entre OTR et micro-oxygénation.
L’OTR correspond à la quantité d’oxygène qui traverse l’obturateur mais ses effets sur le vin sont mal connus. Diam et Vivélys ont donc essayé de le mettre en parallèle avec la micro-oxygénation, une opération mieux maîtrisée par les vignerons. Ils ont travaillé sur un lot de gros manseng très thiolé, contenant 6 600 ng/l de 3 mercapto-hexanol (MH). Une partie a été bouchée avec des bouchons Diam, de deux perméabilités différentes, 0,15 (bouchon P1) et 0,35 cm3 d’O2 (bouchon P10). L’autre partie a été conservée dans des fûts en Inox, micro-oxygénés à différentes doses, de 200 à 1 000 µl d’O2 par litre et par mois.
Au bout de 24 mois, la société Nyséos a analysé les teneurs en 3MH du vin. À cette date, le gros manseng bouché avec P1 avait perdu presque autant de 3MH que la modalité micro-oxygénée à 40 µl/litre/mois, soit un peu moins de 1 000 ng/l. Le vin bouché avec P10 et le vin micro-oxygéné à 60 µl/litre/mois avaient tous deux perdu environ 3 000 ng/l.
Chaque modalité a également été dégustée pendant 36 mois. Sur le plan aromatique, le vin bouché avec P1 a très peu bougé. À 36 mois, il présentait toujours de nombreuses notes thiolées et quelques arômes empyreumatiques. Les modalités bouchées avec P10 et celles micro-oxygénées à 400 µl d’O2/litre/mois ont connu la même évolution : les notes thiolées et empyreumatiques ont cédé la place à des notes d’agrumes confits au bout de 24 mois, et les arômes d’oxydation sont apparus à 36 mois.
Les chercheurs vont continuer leurs essais, et tester l’évolution d’autres couleurs et profils de vin. Leurs résultats serviront de repère aux vignerons lorsqu’ils choisiront leurs bouchons.
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