vancée au trois quart, la campagne 2014-2015 commence à prendre des couleurs sur la place de Bordeaux. Pourtant, d'après les enregistrements du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux, les sorties sous contrat d'achat en vrac marquent toujours un retard par rapport aux neuf premiers mois de la campagne 2013-214 : -19 % pour l'ensemble des vins de Bordeaux (avec 1,73 million hectolitres), -16 % pour l'AOC Bordeaux (à 1,102 million hl), -32 % pour le groupe des Côtes (à 161 000 hl), -29 % pour celui de Saint-Emilion (à 105 000 hl)... Mais cette morosité apparente serait un reliquat de la petite vendange 2013, l'arrivée et la demande du dernier millésime lançant la campagne. « Depuis ce début avril on sent qu'il y a plus de demande sur le millésime 2014* » confirme Xavier Coumau (président du Syndicat Régional des Courtiers de Bordeaux). « On sent un frémissement, mais ce n'est pas l'euphorie ! Le marché est calme, il digère toujours la hausse du millésime 2013. »
Alors que le négoce demandait un retour des cours au niveau de 2012, le millésime 2014 enregistre un prix moyen ferme : 1 195 euros le tonneau de Bordeaux rouge ce mois d'avril, 1 185 € le tonneau de blanc, et 1 030 € celui de rosé**. Pour les rosés, le marché s'est relâché avec l'annonce, inattendue, d'un record de production en 2014 (+39 % par rapport à 2013). « On est passés de 1 200 € le tonneau en début de campagne à 1 000 € » précise Xavier Coumau. « Pour les blancs, la campagne est derrière nous, le marché est assuré (même si l'on sent un ralentissement du sauvignon blanc sur le marché anglais) » estime le courtier. Quant aux rouges, « le prix va rester stable, la récolte a été plus faible qu'en 2012 et il y a peu de stocks. L'évolution du marché se fera au moment de la fleur, selon les quantités prévues en 2015, on verra si le marché se raffermit ou non. ».
Si les pronostics sur la récolte 2015 feront la fin de campagne 2014-2015, Xavier Coumau estime que la place de Bordeaux doit dès maintenant mettre en place sa stratégie future. Pour lui, la question est de « savoir à l'avenir si l'on assume la production bordelaise avec une stratégie de développement à l'export, ou si l'on retourne sur les marchés de prix pour écouler les volumes ».
* : Par contre la situation devient franchement « compliquée pour ceux mettant en marché leur 2013, ils sont handicapés par ce millésime » note Xavier Coumau.
** : Ces données étaient présentées lors de la dernière assemblée générale de la Fédération des Caves Vinicoles d'Aquitaine, l'occasion pour la coopération de se réjouir d'un retour à la survalorisation par rapport aux caves particulières. En avril, les coopératives valorisaient en effet à 1 230 € le tonneau de Bordeaux rouge 2014 (contre 1 163 € hors coopération), 1 229 € le tonneau blanc (contre 1 161 €) et 1 195 € le tonneau rosé (contre 1 139 €).
[Photo : Cabinet de courtage Coumau]