Aujourd’hui, les vins israéliens sont en quête de la reconnaissance de leurs terroirs et cherchent à valoriser leur typicité locale » constate Yaïr Haidu, spécialiste du vignoble israélien, lors d’une dégustation organisée le 24 novembre dans les locaux de l’Organisation internationale de la vigne et du vin à Paris. Objectif de cette dégustation : se faire connaître et démontrer le savoir-faire qualitatif de ces 19 domaines venus présenter leurs vins. C’est le cas de Yaffo winery (4ha, 45000 bouteilles/an), installée dans la Vallée d’Ella, dont le travail se revendique dans le respect de la tradition familiale française. Vendange nocturne, foulage à basse température et vieillissement minutieux… la famille Celniker apporte un soin minutieux à l’élaboration de ses vins caractérisés par une certaine fraîcheur à la fois pour le blanc et les vins rouges d’entrée de gamme (dont le prix est de 9,7 euros départ cave). « Nous travaillons aux Etats-Unis mais nous aimerions aussi commercialiser nos vins en France » indique le domaine.
Trouver des distributeurs était le second objectif des caves lors de la dégustation. « Les vins israéliens ne se font pas d’illusion : ils n’atteindront jamais des parts de marché qui rivalisent avec les grands pays producteurs » explique Yaïr Haidu. Avec 5500 hectares de vignoble, c’est évidemment trop peu pour se faire une place d’envergure sur la scène mondiale. « Mais les vins israéliens peuvent avoir une place dans l’émotion avec des vins qui travaillent de plus en plus la notion de terroir » poursuit Yaïr Haidu. C’est ainsi qu’ils sortent de leur ombre pour tenter d’intéresser le marché français qui reste très fermé aux vins étrangers.
Le vignoble israélien a été re-fondé il y a une trentaine d’années. Les années 1970 ont ainsi vu planter les cépages nobles internationaux et notamment le cabernet sauvignon. Dans les années 1980, les vignerons ont commencé à conquérir les coteaux et les montagnes, notamment le plateau du Golan. Les années 1990 ont vu naître une nouvelle typologie de caves avec des vins de garage, se posant comme une alternative aux grandes winery (à l’heure actuelle, 96% des vins sont produits par dix entreprises sur les 320 caves israéliennes). Les années 2000 ont été le théâtre de l’avènement du professionnalisme avec l’installation de jeunes vignerons formés à l’œnologie en Europe ou à l’Université de Davis aux Etats-Unis. Ils ont choisi de revenir à des cépages rhodaniens et méridionaux, mieux adaptés aux conditions méditerranéennes. Grenache, mourvèdre, marsanne, roussane... ont ainsi été introduits. Il n’existe plus de variétés autochtones malgré les 5000 ans d’histoire viticole de cette terre. Des recherches sont en cours pour ressusciter d’anciens cépages.
Photo : Sauvage de Yaffo winery (45% merlot, 35% syrah, 20% cabernet). L'étiquette raconte l'histoire du domaine.