L’expression des symptômes d’esca ne seraient pas liée aux contaminations hivernales des plaies de taille. Un essai mené depuis le début des années 90 au lycée agricole de Saintes par le Bureau national interprofessionnel du Cognac, l’Inra et l’Ifv montre que la taille en période de pleurs (voire en cours de débourrement sur cet essai) ne montre aucune efficacité contre l’esca. “Le taux cumulé de ceps atteints d’esca en modalité de taille tardive est plus élevé que le taux relevé pour les ceps témoins, taillés en période de repos et par temps sec”, explique Vincent Dumot, responsable des études viticoles au Bnic.
Ni taille tardive, ni produits efficacesLa taille tardive offrirait-elle alors moins de protection que l'on ne pensait ? Les pleurs associés à cette pratique limitent les contaminations juste après la taille, considère-t-on généralement. Pour Philippe Larignon, chef de projet maladies du bois à l’Ifv, “la taille tardive suggère que les plaies sont protégées face aux champignons durant tout l’hiver par les sarments eux-mêmes. Malgré cela, les ceps expriment toujours autant de symptômes. Cette absence d’efficacité peut être expliquée par la capacité des champignons à pénétrer par les plaies de taille après la période des pleurs comme l’ont montré les travaux conduits à l’Ifv ou encore par leur aptitude à contaminer d’autres plaies réalisées lors des opérations en vert telles les plaies d’épamprage ou d’ébourgeonnage” .

Les pulvérisations de produits de protection des plaies de taille n'ont pas d'effet contre l'Esca (© Viti-net)
L’essai piloté par le Bnic s’est également penché sur la protection des plaies de taille. Plusieurs produits, Atemicep, Escudo, Lac Balsam, ont été testés, appliqués dans la demi-journée suivant la taille. Le taux cumulé de ceps atteints d’esca parmi ceux traités avec Lac Balsam est légèrement supérieur à celui des ceps témoins. Les ceps badigeonnés avec de l’Escudo présentent des taux de contamination inférieurs et la baisse est encore plus significative avec l’Atemicep. Mais la question n’est aujourd’hui plus à l’ordre du jour : l’Atemicep a été retiré du marché en 2003 et l’Escudo est interdit d’utilisation depuis le 30 juin 2008. Les pulvérisations de bouillie bordelaise ont elles aussi été testées. Effectuées juste après la taille et renouvelées au gonflement des bourgeons, elles ne se sont montrés efficaces ni sur l’esca ni sur l”eutypiose. La fertilisation et la hausse de vigueur induite, le mode de conduite (cordon ou guyot) n'ont pas d'effet sur l'expression des symptômes d'esca.
Eutypiode : les ceps taillés en cordons plus touchésL’essai charentais recèle cependant des résultats plus positifs en ce qui concerne l’eutypiose. La taille tardive présente contre cette maladie une “efficacité presque totale sur l’expression de symptômes” et la protection des plaies de taille avec Lac Balsam, Escudo ou Atemicep permet de réduire le taux de ceps atteints. Mais outre le fait que l’Atemicep ou l’Escudo soient désormais interdits, la protection par badigeonnage ou résine représente une tâche très gourmande en temps et donc difficile à mettre en œuvre : le Bnic estime le temps de travail nécessaire à 20 heures par ha. ..
Autres résultats livrés par cet essai de Saintes sur l’eutypiose : la fertilisation augmente l’expression des symptômes, “en partie à cause d’une augmentation de vigueur mais sans différence de surface des plaies de taille”, précise le Bnic. Les ceps taillés en cordons sont plus touchés que ceux en taille guyot, “vraisemblablement à cause d’une surface de plaies de taille plus grande”.