près les deux orages de grêles de cet été, les services de l'Etat sont rapidement venus au chevet du vignoble bordelais, avec les mesures du « plan sinistre grêle » (227 salariés placés en chômage partiel, 6 autorisations d'achat de vendanges, 58 communes autorisées à enrichir à 2 %, classification en calamité agricole...). Si le ton est monté lors de la dernière Assemblée Générale du Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux, la filière s'accordait toujours sur ce point. Tout comme sur la légèreté des mesures mises en place face au sinistre. « Le plan est insuffisant en termes de moyen, et on le savait dès le départ » assénait le président du CIVB, Bernard Farges, à un auditoire déjà converti.
Evoquant la visite du ministre de l'Agriculture dans les vignes grêlées de l'Entre-Deux-Mers, le préfet de Gironde (Michel Delpuech) se rappelait « le leitmotiv de Stéphane Le Foll : arrêtez de me demander combien j'ai dans la poche ! » Assistant pour la première fois à une Assemblée Générale du CIVB, le préfet tenait à souligner que « le dossier de la grêle n'était pas derrière nous ». Alors que le guichet unique sera opérationnel au premier janvier, la réflexion sur les assurances récolte suit en effet son cours. En attendant les résultats de cette réflexion réglementaire, il serait déjà bon d'éplucher l'offre assurantielle actuelle. Le CIVB en a fait l'expérience en sollicitant les divers assureurs agricoles. « On est parfois surpris » reconnaît Bernard Farges, qui regrette « une faible information au sein de la filière et de faibles actions commerciales de la part des assureurs ».
Ces déclarations institutionnelles n'ont pas suffi à apaiser les interrogations, qui portent notamment sur la pérennité des entreprises sinistrées (par la grêle, mais aussi la coulure). Ayant donné à voir ses vignes dévastées au ministre de l'Agriculture, Loïc de Roquefeuil (château de Castelneau, Entre-Deux-Mers) rapporte que « certains [vignerons] ont été beaucoup touchés, à tel point que les experts estiment que la récolte de l'an prochain est déjà touchée en profondeur ». Ne se satisfaisant pas des mesures actuelles, il a rapporté le lancement du mouvement "SOS vignerons sinistrés". Officialisée le 11 décembre, l'association demande notamment que les entreprises ravagées puissent bénéficier du Revenu de Solidarité Active, d'un dégrèvement de leurs Cotisations Volontaires Obligatoires, de la caution bancaire du CIVB...
Précisant qu'il était réglementairement « impossible d'utiliser les caisses du CIVB pour des aides directes », Bernard Farges a écarté la possibilité de toute baisse des CVO. Avec la petite récolte qui s'annonce (3,9 millions hectolitres) et la baisse des sorties de chais, le budget du CIVB se trouverait déjà amputé de 4 millions d'euros pour 2014. Déposé il y a tout juste deux mois, le dossier du CIVB de demande d'aide à la promotion permettrait de compenser cette perte sèche. Actuellement traité par FranceAgriMer (dans le cadre de l'OCM vin 2014-2016), ce dossier représenterait une enveloppe de 5,13 millions euros pour la seule année 2014. Président de la Fédération des Négociants, Allan Sichel juge que « même si la récolte 2013 est déficitaire […], il faut soutenir la promotion des vins de Bordeaux, pour maintenir le dynamisme et améliorer la lisibilité des exportations de Bordeaux, voire les placer en tension à l'avenir ».
[Photo : Bernard Farges et Michel Delpuech ce 16 décembre au CIVB]