eux commissions de l’interprofession des vins AOC Côtes-du-Rhône et vallée du Rhône (Inter Rhône) viennent de fixer sur le millésime 2025 le « prix d’orientation équivalent au coût de production minimal » sur l’appellation régionale en cas de certification Agriculture Biologique (AB, 22 % de la production AOC) et Haute Valeur Environnementale (HVE, 35 % des volumes) à partir des « coûts de production, réalités de marché et marges de soutenabilité économique » indique un communiqué. Dévoilés ce 9 décembre, ces niveaux de prix sont en Côtes-du-Rhône rouge de 170 €/hl en bio et 130 €/hl en HVE (avec un tunnel de prix de 130 €/hl à plus de 160 €/hl pour HVE), tandis qu’ils sont en Côtes-du-Rhône Villages rouge de 200 €/hl en bio et de 155 €/hl en HVE (avec un tunnel de prix de 155 €/hl à plus de 185 €/hl en HVE). D’après les dernières mercuriales publiées par Inter Rhône, les échanges de vin en vrac tombent à 139 €/hl pour le Côtes-du-Rhône rouge en moyenne, avec 149 €/hl en conventionnel et 129 €/hl en bio, sans qu’il y ait de cotation pour les vins labélisés HVE faute de volumes significatifs sur la campagne en cours (données du 1er août au 30 novembre 2025). Pour rappel, le prix plancher en Côtes-du-Rhône était de 120 €/hl en 2024 selon le Syndicat des Vignerons des Côtes du Rhône.
Validé il y a un mois en assemblée générale d’Inter Rhône, le principe de cet accord de durabilité interprofessionnel est désormais déposé auprès de la Commission européenne pour validation et autorisation sur les millésimes 2025 et 2026. Mettant à profit l’article 210 bis de la réglementation communautaire repéré par les Vignerons Coopérateurs, les vins du Rhône peuvent de nouveau communiquer sur des prix en Côtes-du-Rhône. Une pratique qui avait été condamnée pour entente par l’Autorité de la concurrence, mais qui est désormais légalisée, comme en témoigne le premier accord de durabilité validé cet été pour les vins français (Pays d’Oc IGP, qui vient de publier des prix d’orientation sur six cépages en bio et HVE).
Pas un prix minimum
Ne constituant pas un prix minimum (les travaux sur Egalim sont menés en parallèle), ces accords de durabilité doivent inciter les caves à valoriser leurs vins en fonction des coûts de production et rappeler aux négociants qu’avec des cours cassés le vignoble ne pourra pas tenir. Encore faut-il que chacun prenne ses responsabilités, à commencer par la distribution qui a tendance à profiter de la crise de surproduction/déconsommation pour obtenir des prix déconnectés de toute réalité économique dans les vignes et dans les chais.
Réunissant le Syndicat des Vignerons des Côtes du Rhône et l’Union des Maisons de Vins du Rhône (UMVR), l’accord interprofessionnel de durabilité veut maintenir un équilibre réaliste entre les familles : « ces orientations tiennent compte des surcoûts liés aux certifications environnementales et visent à garantir une rémunération juste, tout en maintenant la compétitivité de la filière » pointe un communiqué. Où Philippe Pellaton, le président d’Inter Rhône, pointe que « ce périmètre ciblé sur les rouges des AOC Côtes du Rhône et Côtes du Rhône Villages nous permet d’agir là où les enjeux économiques, environnementaux et d’image sont les plus structurants, dans un contexte difficile ». Président de l’UMVR, Samuel Montgermont ajoute que « ces prix d’orientation ne sont pas des verrous, ils sont une base commune. Libre à chacun de s’en inspirer, mais impossible d’en ignorer les conséquences pour l’équilibre de la filière. »
« Ces orientations ne sont pas un plafond ni un plancher : elles sont un socle » confirme le président du Syndicat des Vignerons des Côtes du Rhône, Damien Gilles, qui estime que « cet accord marque une ligne rouge : la durabilité n’a plus vocation à être une charge laissée aux seuls vignerons. Nous refusons que la valeur se construise d’un côté et s’effondre de l’autre. » Mobilisé sur l’évolution d’Egalim (pour créer un tunnel de prix au contrat d’achat) et l’extension de l’article 172 ter (permettant des prix d’orientation pour les AOC et IGP sur raisins à date et sur vins et moûts à l’avenir), Damien Gilles affirme la nécessité de garantir un prix rémunérateur pour la base de la filière vitivinicole, faute de quoi le château de carte s’effondrera.
Les prix d'orientation communiqués par Inter Rhône ce 9 décembre :





