a ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, vient de présenter à la filière vin un "plan national de sortie de crise" avec 130 millions d’euros de fonds français pour l’arrachage définitif, une demande de fonds européens pour la distillation, des allégements de cotisations sociales et la refonte des prêts des consolidations. Comment recevez-vous ces annonces ?
Jérôme Despey : Je salue ce plan, maintenant il va falloir le concrétiser. Il y a une clarification sur l’arrachage financé par des crédits nationaux. Ce sont 130 millions € annoncés fermement et définitivement.
Concrètement pour ces 130 millions €, parle-t-on encore d’une prime à 4 000 €/ha et quand serait-elle en vigueur ?
On reste dans le cadre des 4 000 €/ha. Il faut maintenant travailler à la mise en œuvre opérationnelle la plus rapide possible du dispositif. Il faut la validation européenne du paquet vin pour avoir un cadre réglementaire. On devrait l’avoir dès la fin d’année. Il faut se préparer avant, pour pouvoir lancer l’arrachage dès que l’on aura le go de la Commission. Pour moi il faut un arrachage dès le début d’année, pour que ça soit fait avant avril.
La ministre prend les devants pour l’arrachage définitif, mais il reste en suspens la distillation de crise qui devait lui être couplée…
Un élément de grande vigilance est la réponse du commissaire européen à l’Agriculture sur la distillation. Nous demandions 200 million € de l’arrachage et de la distillation, nous en avons 130 pour l’arrachage. Nous avons maintenant besoin d’une réponse du commissaire Christophe Hansen le plus rapidement possible. Nous avons assez attendu.
Vous demandez donc à la Commission 70 millions € de distillation de crise ?
Il faut que le commissaire arbitre sur les réserves de crise. On a besoin de cet arbitrage. Je veux aussi saluer les aides à la trésorerie, sur les Prises En Charges (PEC) de cotisation sociales à la Mutualité Sociale Agricole (MSA), les allégements de Taxes sur le Foncier Non-Bâti (TFNB), les prêts de consolidation dans une nouvelle mouture élargie aux caves coopératives… Je salue ce plan parce qu’il se fait dans un contexte très difficile pour les vignerons. Ce plan est annoncé juste avant le Sitevi. Ces mesures doivent maintenant permettre au marché de donner des perspectives de prix aux vignerons. Il faut que tout le travail mené sur les accords durabilité et sur le tunnel de prix des coûts de production permette de redonner du prix dans tous les vignobles alors que ce plan structurel renoue avec la distillation et l’arrachage. Avec la baisse de production [ce millésime 2025], il n’y a aucune raison que le marché ne se ressaisisse pas. Nous ne pouvons plus retourner tous les ans dans les mesures conjoncturelles et structurelles de réduction de la production. Les vignerons ne veulent plus arracher, mais vivre de leurs produit. J’appelle à la responsabilité de chacun.
Dans une lettre à la ministre, le négoce affirme la semaine dernière son mécontentement d’être écarté des discussions sur la sortie de crise…
J’ai entendu ce mécontentement. Moi aussi je ne suis pas content. Je serai content quand le prix du vin augmentera et permettra de vivre dignement aux vignerons. On peut ne pas être content, mais il faut passer par un plan pour aider la viticulture à réduire sa production. Que le négoce et la grande distribution fassent leur boulot. Les vignerons ont besoin de prix. Nous avons tous les éléments de reconquête de parts de marché si l’on maintient une Organisation Commune de Marché (OCM) forte dans la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC) pour être compétitifs.
Vous évoquiez les accords de durabilité, mais on entend déjà de premières offres de négoces importants en dessous de ces prix d’orientation. Faut-il passer par Egalim pour avoir des prix rémunérateurs contraignants ?
Il faut déjà appliquer les accords de durabilité. C’est la première fois que l’on permet dans le droit européen de la concurrence de communiquer sur des coûts de production et de communiquer des prix d’orientation en bio et HVE. Nous devons aussi avoir la faculté d’étendre le travail mené avec Bernard Farges [le président du CNIV] dans l’extension des États Généraux de l’Alimentation (Egalim).
Les viticulteurs sont dans une grande difficulté, nous devons trouver les moyens de passer les difficultés conjoncturelles et structurelles en lien avec le négoce qui doit amener des éléments qui redonnent de l’espoir et de la visibilité.




