n vino gravitas ? Réunis ce 6 novembre par la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, les représentants de la filière vin ont été marqués par la gravité du ton employé par tous les participants. « Y compris les gens de l’administration » glisse un participant, pour qui les échanges ont été francs et sérieux à défaut d’être concrets : « tout le monde a conscience que l’on est dedans jusqu’au cou. Sans solution, tout le monde peut couler. » Dans un communiqué, Annie Genevard souligne que « la filière viticole est sans doute une de celles qui rencontrent les plus grandes difficultés, je le mesure à chacun de mes déplacements ». Un sentiment d’urgence qui ne rend que plus fort le décalage entre l’ampleur des demandes d’arrachage (35 000 hectares) et la langueur des négociations avec la Commission européenne (pour financer une campagne d’arrachage et de distillation). Le vin français privé de chouchou de Bruxelles ? Il faut dire que chaque année la filière demande de nouveaux dispositifs de soutien. La ministre l’a relevé lors de ces 2h30 d’échanges à Paris. Les élus de la filière répliquent qu’il faut avoir conscience de l’ampleur de la restructuration nécessaire de la production et du soutien sans faille que nécessite la commercialisation afin que le cumul de difficultés cesse d’empêcher le rebond. Et d'obtenir la paix des graves. Heureusement, les idées innovantes et les initiatives enthousiasmantes ne manquent pas pour soutenir la dynamique de reprise.
« Versez-leur du bon vin, ils vous feront de bonnes lois » disait Montaigne. Il semble que le jus de treille circule cet automne riche en initiatives politiques, d’abord parlementaires avec le récent rapport du Sénat proposant un plan de sortie de crise inédit, le vote des amendements du paquet vin par la commission agricole du Parlement européen, les votes de députés sur le Projet de Loi de Financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) répondant aux demandes sociales de la Champagne… Les députés causant cependant des inquiétudes à toute la filière avec de possibles nouvelles taxations allant dans le sens d’une fiscalité comportementale. Un élan hygiéniste qui exaspère dans le vignoble, la crise étant déjà si grave qu’un nouveau coup dur serait un nouveau clou dans un cercueil bien plombé. Les sujets de récrimination se multipliant : pas de valorisation des prix de vente au niveau des coûts de production, réduction continue du nombre de solutions de protection des parcelles et de leurs modalités d’action… Ce sont les raisins de la galère. Ce qui impose des réponses aussi rapides que multiples, pourquoi pas à l’occasion d’Assises/Conférences, tant que les plans d’action ne sont pas reportés et étalés au-delà du raisonnable. « L'incertitude de l'avenir m'a toujours fait regarder les projets de longue exécution comme des leurres de dupe » écrivait Jean-Jacques Rousseau dans les Confessions.



